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depuis deux ans, et du lieutenant Waldéja, servant à Vera-Cruz et ayant fait la dernière expédition de Tlacotalpam. En ce qui regardait le plan de campagne, il n’y avait pour la marine aucune difficulté à remonter jusqu’à Tlacotalpam et à s’en rendre maître. La position fortifiée du Conejo, située à mi-chemin entre Alvarado et Tlacotalpam et dominant le cours de la rivière, n’était pas un obstacle sérieux. Nous essuierions son feu probablement sans aucune perte en remettant sa prise au retour des canonnières, si nous jugions que cela dût nous retenir trop longtemps en allant à Tlacotalpam. Les bâtimens de l’expédition étaient ceux qu’avait indiqués le commandant. De son côté, le capitaine Testard, commandant la colonne expéditionnaire, devait s’acheminer par la Estanzuéla et Casamoloapam. Il partirait deux jours après l’ordre reçu, et, ayant opéré la jonction de ses divers détachemens vers San-Julian, il s’emparerait de la Estanzuéla, où se trouvait la principale force de l’ennemi, puis se dirigerait de là sur Casamoloapam et enfin sur Tlacotalpam. Le trajet total, à partir de la Soledad, serait de sept jours. Chemin faisant, pour assurer ses derrières, il devait laisser cent hommes à la Estanzuéla et cent cinquante à Casamoloapam, ce qui lui faisait continuer sa route entre ce dernier point et Tlacotalpam avec trois cent cinquante hommes seulement; mais c’était assez. Toutefois, si Tlacotalpam était facile à prendre, il fallait le garder. Dans l’opinion du commandant de Kmarec et du commandant Cloué, la conséquence de l’expédition devait être l’occupation du pays pour assurer le ravitaillement de Tlacotalpam et des autres garnisons et afin que les habitans se trouvassent engagés à rester chez eux et à s’occuper sous notre protection du commerce et de la culture. Pour cela il fallait répartir les forces ainsi qu’il suit : cent hommes à la Estanzuéla, cent cinquante à Casamoloapam, cent à Tlacotalpam, avec une canonnière, sans compter celle qui serait à Alvarado, soixante-quinze hommes au Cocuite et vingt-cinq au Conejo; en tout, quatre cent cinquante. On occuperait le Conejo, parce que la route de San-Andres et d’Acayucan était ouverte aux libéraux qui viendraient là inquiéter nos communications par eau entre Alvarado et Tlacotalpam. Il en était de même du Cocuite, d’où l’ennemi eût menacé Medellin et Vera-Cruz.

Qu’allait répondre le maréchal? On pouvait déjà le prévoir par le peu de forces qu’il mettait à la disposition du commandant de Kmarec pour opérer par terre. De plus, ces forces (six cents hommes) devaient être prises dans les garnisons des environs du chemin de fer, depuis Cordova jusques et y compris Vera-Cruz, et momentanément remplacées dans les garnisons par des soldats congédiés qui attendaient la première occasion favorable pour rentrer en France. On ne voyait pas trop alors avec quelles troupes on occuperait les