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arrivant à échéance en 1879, avait pu être remboursée avec le produit de l’emprunt 4 pour 100. Les espérances exprimées au mois de septembre par M. Sherman avaient été complètement réalisées. Les États-Unis recueillaient donc le bénéfice de la sage prévoyance qui leur avait fait abandonner la création de rentes perpétuelles pour adopter le système des rentes à échéance. Ils avaient tous les avantages des conversions sans les embarras financiers et les inconvéniens politiques de ces opérations scabreuses. Des rentes pour un capital de 697,350,000 dollars allaient arriver à échéance en 1881. Le président demandait au congrès d’autoriser de nouvelles émissions jusqu’à concurrence des sommes nécessaires pour rembourser successivement toutes ces rentes et compléter ainsi l’œuvre de la conversion, tout en réalisant une économie importante dans le service de la dette. Un échec n’était pas à redouter : lorsque le ministre des finances avait ouvert une souscription publique pour le reliquat de l’emprunt 4 pour 100, il avait reçu en vingt-quatre heures des offres pour 194 millions de dollars, alors qu’il n’avait besoin que de 121 millions, et le cours de ce fonds s’était élevé jusqu’à 110 3/8. Le ministre des finances espérait donc obtenir à l’aide d’un emprunt à 3 1/2 pour 100 le capital nécessaire au remboursement des rentes 5 pour 100.

M. Hayes, ainsi qu’il l’avait déjà fait dans le message précédent, invoquait l’activité et la situation prospère des usines et des manufactures américaines comme un argument décisif en faveur du système protecteur. L’accroissement des importations lui fournissait une preuve que la protection ne mettait pas obstacle au développement des relations internationales, et elle contribuait à remplir les caisses publiques par le progrès constant du revenu des douanes. Le président recommandait donc de persévérer dans une politique économique dont le pays n’avait retiré que de bons résultats. Les autres questions intérieures tenaient peu de place dans le message. M. Hayes renouvelait la recommandation qu’il avait déjà faite inutilement d’accroître l’effectif de l’armée. Il s’appuyait, cette fois, sur l’attitude hostile prise par la plupart des tribus indiennes, sur les massacres d’émigrans et même les échecs militaires qui en avaient été la douloureuse conséquence. Enfin, M. Hayes, par un retour inattendu, revenait sur la réforme administrative et exprimait sa conviction persistante que des examens devaient être la condition indispensable de toute admission et de tout avancement dans les services civils. Sur ce point, il n’avait pas seulement à vaincre la résistance de ses adversaires, il avait à triompher de l’opposition non moins résolue de ses amis politiques.

Le message de M. Hayes et les rapports qui l’accompagnaient