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de préférence au seul point sur lequel tout n’ait peut-être pas encore été dit : l’enseignement.

Il existait en France, dans les dernières années de l’ancien régime, pour une population de 25 millions d’habitans, 562 collèges (nous empruntons ce chiffre au rapport de M. Villemain sur la situation de l’enseignement secondaire en 1843).

Ces 562 collèges comptaient 72,747 élèves, dont 40,000 environ recevaient l’instruction soit entièrement, soit partiellement gratuite.

Aujourd’hui, d’après la dernière statistique officielle publiée, pour 38 millions d’habitans, la France ne possède plus que 81 lycées et 300 collèges communaux, dont la population est, pour les lycées, de 40,995, et pour les collèges de 38,236 élèves. Soit, en tout, 79,231 élèves, dont 4,949 boursiers, internes ou externes, à bourse entière, à demi ou même à quart de bourse.

De la comparaison de ces chiffres, il résulte qu’en 90 ans, bien que la population ait augmenté de plus du tiers, l’enseignement secondaire public n’a gagné que 6,484 élèves et qu’il a perdu 35,000 boursiers et 200 établissemens.

Il est vrai qu’avant la révolution le clergé se recrutait presque entièrement parmi les élèves sortis des divers collèges et qu’il n’y avait pas à cette époque, à côté des grands séminaires, d’écoles préparatoires pour les premières études des aspirans au sacerdoce, telles que les écoles secondaires ecclésiastiques. D’où il suit qu’en bonne statistique, et pour tenir compte de la part considérable que l’église prélevait sur le nombre total des élèves dans l’ancien système d’enseignement, il faudrait ajouter à l’effectif actuel des collèges et des lycées celui des petits séminaires.

Mais, d’autre part, il en faudrait retrancher les 14,000 élèves qui se trouvaient, d’après les derniers états de situation, dans les classes élémentaires de nos lycées et collèges et qui, par parenthèse, figureraient bien plus justement dans une statistique de l’enseignement primaire. Et de cette sorte la proportion ne serait pas pas sensiblement changée.

Veut-on encore quelques chiffres ? (Nous les empruntons toujours à M. Villemain.) « La population du royaume étant avant 1789 de 25 millions d’habitans, devait compter, d’après les tables du Bureau des longitudes, 2,326,364 enfans mâles de 8 à 18 ans. Le nombre des élèves étant alors de 72,747 enfans, il y avait ainsi un élève sur 31 enfans. Aujourd’hui (en 1843), sur le chiffre total de 34 millions d’habitans, il y a 3,182,397 enfans en âge de recevoir l’instruction classique. Le nombre des élèves des divers établissemens, y compris les écoles secondaires ecclésiastiques, étant de 89,341, la proportion est de 1 élève sur 37. »