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Les vallées arrosées par la Koungesse et la Tekesse, avant que ces rivières aient, en s’unissant, formé l’Ili, ainsi que la vallée où coule un autre cours d’eau du nom de Kash, sont également remarquables par leur fertilité. Elles sont cultivées jusqu’à Koldjiher, c’est-à-dire jusqu’au lieu même où commence la morne steppe, laquelle à son tour s’étend jusqu’à Semirechia.

On récolte dans le Kouldja une grande variété de céréales, et l’on y trouve abondamment la treille, le pommier, l’abricotier, le poirier, tous les fruits savoureux qui devaient croître dans l’Eden biblique. Le riz pousse et mûrit dans les basses terres, ainsi que le coton. Quant aux minéraux, ils sont nombreux, cuivre, manganèse, gypse, soufre, marbre et graphite ; chose étrange, à l’exception du charbon de terre, peu de ces richesses minérales sont exploitées. Cela tient sans doute aux troubles qui n’ont jamais cessé d’agiter le pays.

M. Musketof, un ingénieur des mines, envoyé au Kouldja par le gouvernement russe pour en explorer les plaines et les montagnes, affirme que l’or se trouve, à certains endroits, dans les sables charriés par l’Ili. Il faut bien l’en croire, mais il est probable que ce métal si recherché ne s’y rencontre pas en bien grande quantité, car on ne vit jamais sur les rives de l’Ili rien de semblable à ces bandes de mineurs que l’on vit autrefois affluer en Californie et en Australie. Le même ingénieur a remarqué aussi que le charbon de terre du district de Kouldja, dont les couches en épaisseur varient de 1 à 8 pieds, ne présente pas de traces d’empreintes fossiles. Il en conclut que ce charbon appartient à l’époque jurassique. Quoi qu’il en soit, les officiers russes, botanistes, géologues et autres, qui explorent sans cesse et non sans danger, certes, le Thibet et la Chine, ont tous l’espoir, assure-t-on, de découvrir dans cette partie de l’Asie un nouvel Eldorado. Nous croyons que leurs voyages n’ont point uniquement pour but cette recherche, mais l’auraient-ils, qu’on ne saurait trop admirer le courage de ceux qui les entreprennent, et jamais assez les remercier de nous avoir fait connaître une contrée presque absolument ignorée, il y a peu d’années encore.

Un pays aussi accidenté que celui que nous décrivons n’a pas beaucoup de grandes routes ; des sentiers de chèvres par lesquels les habitans du pays communiquent d’une vallée à l’autre avec assez de facilité, surtout pendant l’été, suffisent. La voie principale, carrossable, est celle qui va de la Chine au Kouldja. Elle commence en quelque sorte à Nankin et continue par Hankow, Ngan-si-chow, Hami et Turfan. Dans cette dernière ville, elle se divise en deux branches : l’une passant par Urumsti, Manass, Chuguchaket Semipalatinsk, et débouchant au Kouldja par la passe dite