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attribuer cet échec relatif. Mais il est dû surtout à l’action des eaux saumâtres qui servent aux irrigations de l’oasis.

M. Duffourg a opéré dans des conditions différentes, en vue d’essayer la culture des plantes productives. Il a d’abord fait des efforts persévérans, couronnés de peu de succès, pour propager le cotonnier. Le climat, la nature du sol et des eaux paraissaient éminemment propres à la variété longue soie. Malheureusement on a eu à lutter, ou plutôt on n’a pu lutter contre les dévastations des sauterelles ; et M. Duffourg a dû se restreindre à la culture essentiellement locale du dattier. Après avoir multiplié avec un certain succès ses plantations à sa ferme d’El-Outaya, dans la vallée de l’Oued-Biskra, à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville, il a essayé plus récemment de les introduire plus à proximité dans des conditions de sol et d’arrosage particulières présentant assez d’importance pour qu’il me paraisse nécessaire d’entrer à ce sujet dans quelques détails de topographie agronomique.

Biskra est considéré comme la capitale de la région des Zibans, qui, sur une centaine de kilomètres de l’ouest à l’est, embrasse la basse vallée de l’O.-Djédiet de quelques affluens parallèles venant déboucher dans la lagune centrale du chott Mel-Guir.

Les Zibans, ou pour mieux dire le Zab, au singulier, se divise en deux régions distinctes : le Zab de l’ouest et le Zab de l’est, séparés par l’Oued-Biskra, qui se réunit à l’O.-Djédi à 25 kilomètres en aval de cette ville.

Le Zab de l’est est adossé vers le nord à des contreforts de plus en plus élevés qui se prolongent d’étage en étage dans le massif montagneux de l’Aurès, où se trouvent les plus hautes cimes de l’Algérie.

Le Zab de l’ouest, au contraire, est séparé des chaînes culminantes de l’Atlas algérien par un bassin intérieur fort étendu, celui du Hodna, dont la cuvette est à une altitude de 350 mètres et dont la ligne de faîte, séparative des vallées sahariennes vers le sud, ne dépasse pas 450 à 500 mètres.

Il résulte de cette disposition des lieux que, si les chotts ou bas-fonds marécageux des plateaux de la province de Constantine venaient à se remplir jusqu’au point de débordement, ceux qui sont au nord de l’Aurès se déverseraient dans la Méditerranée, tandis que le Hodna déboucherait dans l’O.-Djédi. Les premiers bassins peuvent donc être considérés comme méditerranéens, le dernier comme saharien ; et il y a tout lieu de supposer que toutes les eaux de pluie tombées sur ses versans qui se réunissent dans sa cuvette centrale doivent, après s’être infiltrées dans le sol, aller alimenter les nombreuses sources qui naissent au pied des contreforts du Zab occidental, entre les deux affluens principaux de l’O.-Biskra et