Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 45.djvu/587

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fondée par M. Lambert à Paris, pour une exploitation agricole au Texas. Le rapport recommande chaleureusement cette affaire et fournit les renseignemens suivans :

Cinq Anglais, avec un capital de 250,000 francs, viennent de réaliser en cinq ans, par l’élève du bétail au Texas, un profit net de 5 millions de francs. — Tableaux comparatifs : Frais de culture au Texas : 163 francs par hectare ; rendement, 30 hectolitres ; prix de revient du blé, 5 fr. 45 l’hectolitre ; bénéfice, 211 fr. 50 par hectare. Plus la récolte dérobée du maïs qui porte le bénéfice annuel à 419 francs l’hectare. — En France, les frais de culture sont de 321 fr. 32 par hectare. Le rendement ne donne qu’un bénéfice de 138 fr. 68 par hectare. Ainsi donc, le bénéfice obtenu sur 1 hectare au Texas est de 419 francs et en France de 138 fr. 68. — Différence en faveur du Texas, 280 fr. 32 par hectare. L’intérêt du capital serait pour le Texas dans les bonnes années de plus de 100 pour 100. Dans l’éducation du bétail, un bénéfice de 30 pour 100 est assuré. Le rapport et le programme publiés sont remplis de détails d’un haut intérêt concluant à l’étendue indéfinie des ressources agricoles de l’ouest des États-Unis.

Résumé : Le spectre américain va faire prime à la Bourse de Paris.

Pour continuer d’encourager et de rassurer les cultivateurs français, leur distribuera-t-on une bonne part des actions et des dividendes de la Nouvelle Foncière transatlantique ? Nous n’osons pas l’espérer.

Non, l’importation américaine n’est pas un spectre ou un vain fantôme, c’est une réalité pour la France comme pour l’Angleterre et toute l’Europe. Est-ce un bien, est-ce un mal ? Que chacun apprécie la question à son point de vue ; mais c’est un fait qu’on ne saurait mettre en doute, qu’il faut regarder en face, et avec les conséquences duquel on doit compter sérieusement.

Quoi qu’il en soit, si c’est d’une perte et d’une indemnité de 300 à 400 millions par an pour l’agriculture que nous avons à nous occuper, en quoi la suppression du fermage fournirait-elle une amélioration à l’état de choses actuel ?


III

Sous le prétexte de la discussion sur les lois de douane, une campagne a été ouverte en dessous main contre la grande propriété rurale. Faut-il voir là une coalition regrettable de certains intérêts avec d’étroits préjugés ? De telles imputations ne sauraient, nous l’espérons, s’appliquer aux esprits éclairés et éminens, qui doivent