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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE


Le règlement simultané de la question turco-grecque et de la question tunisienne devait nécessairement exercer une heureuse influencé sur le marché financier pendant la seconde quinzaine de mai. C’est, en effet, ce qui a eu lieu. En général, la tenue des fonds publics en Europe a été très ferme, quoique très calme. Le 5 pour 100 français seul a fait exception : il s’était un instant relevé à 120 francs. De grosses ventes effectuées, dit-on, pour le compte des Compagnies d’assurances, et le bruit habilement répandu de la conversion, l’ont ramené au-dessous de 119.50.

Le mouvement que nous faisions pressentir dans notre dernière chronique sur les chemins français s’est produit avec une violence que nous ne saurions trop déplorer. Nous tenons ces titres du Lyon, du Nord, du Midi et de l’Orléans pour un placement de premier ordre ; mais nous ne pouvons considérer comme justifiée une hausse de plus de 200 francs en quelques jours. Le Nord vaudra assurément 2,200 francs, mais ce n’est pas en moins d’une semaine qu’il aurait dû arriver à ce niveau.

Si les chemins français ont beaucoup monté, les titres des compagnies étrangères ont suivi leur exemple, l’Autrichien surtout, que l’on a poussé jusqu’à 780, en escomptant la part que la société pourra prendre dans la construction et l’exploitation des chemins bulgares.

De toutes les actions des institutions de crédit, une seule a eu un marché très animé pendant là quinzaine, l’action de la Banque de France. Une brochure, toujours annoncée et qui ne paraît jamais, démontrera, dit-on, que ce titre vaut 8,000 francs. Une préface, déjà parue, donne une assez pâle ébauche de la démonstration. Pendant quatre mois les bénéfices de la Banque ont doublé ; donc ils doubleront encore pendant le reste de l’année ; le dividende de 154 francs pour 1880 se transformera en un dividende de 250 à 300 francs ; donc l’action doit monter de 4,000 à 8,000. Ce raisonnement repose sur de pures hypothèses ; la hausse peut s’étayer sur de meilleurs argumens. La Banque de France réalise de nombreuses et importantes réformes ; ces transformations vont faire jaillir de nouvelles sources de profit. C’est à ce compte seulement que la Banque de France pourra être cotée avant peu au-dessus de 6,000 francs.

Les autres actions de banque ont peu fait parler d’elles et leurs cours sont restés pour la plupart à peu près immobiles. L’occasion se présente d’elle-même de revenir sur leur passé et de constater, d’après les