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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 45.djvu/727

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SAUVAGEONNE

TROISIÈME PARTIE[1].


VII.

Rouelles est un village d’environ deux cents feux. Séparé d’Auberive par une des plus belles futaies du canton, il est bâti à la naissance d’un vallon et s’enfonce comme un coin dans la forêt de Montavoir, qui l’enserre de trois côtés dans un cirque de pentes boisées. À l’extrémité de l’unique rue, et un peu à l’écart, se dresse l’ancien château : un bâtiment carré, trapu, aux hautes toitures de tuiles, précédé d’une cour herbeuse et flanqué aux deux ailes de tourelles en forme de pigeonniers. La maison d’habitation est peu confortable. Les pièces du rez-de-chaussée sont glaciales en hiver et d’une fraîcheur de cave en été. Quand le vent souffle de l’ouest, sa longue plainte traverse le vestibule et monte lamentablement dans la cage de l’escalier. Les chambres hautes sont plus logeables. Leurs murailles tendues de vieilles tapisseries reçoivent parfois la visite du soleil qui achève de faner leurs couleurs passées ; les lits à baldaquin, les massives armoires de chêne ou de poirier sculpté, les fauteuils Louis XVI recouverts de cretonne, les peintures des trumeaux et des dessus de portes donnent à cette partie de l’appartement un aspect vénérable et intime qui semble presque

  1. Voyez la Revue du 15 mai et du 1er juin.