Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 45.djvu/879

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est certes qui ne méritent pas le profond oubli où ils sont tombés. De ce nombre est le plan élaboré par le premier comité d’instruction publique et présenté dans les premiers jours de décembre 1792. À cette époque, l’élément girondin dominait encore, et ce fut un girondin, Lanthenas, qu’on chargea du rapport. C’est assez dire qu’il ne faut pas s’attendre à trouver là rien de bien neuf ni d’original. Lanthenas n’est que l’écho de Condorcet et il ne s’en cache pas : « Votre comité, dit-il au début de son rapport, a pris pour base de son travail le plan offert à l’assemblée législative, au nom de son comité d’instruction publique. » En effet, la ressemblance est manifeste : l’article 1er  du projet de Condorcet disposait : « Dans les écoles primaires on apprendra à lire, à écrire, on y enseignera les règles de l’arithmétique, les premières connaissances morales, naturelles, économiques nécessaires aux habitans des campagnes. » L’article 2 du projet de Lanthenas est ainsi conçu : « Dans les écoles primaires, on apprendra à lire, à écrire ; on y enseignera les règles de l’arithmétique et les premières connaissances morales, naturelles, économiques. » L’article 7 du projet de Condorcet prescrivait à l’instituteur de faire tous les dimanches une instruction publique ou conférence ayant pour objet : 1o de rappeler les connaissances acquises dans les écoles ; 2o de développer les principes de la morale et du droit naturel ; 3o d’enseigner la constitution et les lois nécessaires à tous les citoyens, d’annoncer et d’expliquer les lois nouvelles ; 4o de donner des connaissances sur la culture et les arts, d’après les découvertes nouvelles. L’article 7 du projet de Lanthenas est libellé dans des termes presque identiques. La seule différence à noter, c’est qu’il n’est plus question et pour cause, dans le texte de Lanthenas, de la constitution.

Une des idées les plus chères à Condorcet était ce que nous appellerions aujourd’hui la séparation de l’école et de l’église. Il voulait que « la religion fût enseignée dans les temples par les ministres respectifs des différens cultes. » Lanthenas traduit ainsi : « L’enseignement devant être commun à tous les citoyens sans distinction de culte, tout ce qui concerne les cultes religieux ne sera enseigné que dans les temples. » Disons enfin, pour terminer ce rapprochement, que Lanthenas emprunte encore à Condorcet son système de distribution des écoles primaires.

Il s’en faut toutefois que les deux projets aient la même importance et la même étendue. Condorcet, dans son amour immodéré du progrès, s’était figuré que l’organisation de ses quatre degrés d’enseignement (écoles primaires, secondaires, instituts, lycées) pourrait être menée de front. Plus modeste, le plan de Lanthenas n’a trait qu’aux écoles primaires. « Le comité chargé de cette