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LA
VIGNE AMERICAINE
EN FRANCE

En 1788, la France possédait 1,046,000 hectares de vignes. En 1829, ce chiffre s’était accru de 844,000, pour être arrêté en 1868 à 2,500,000 par l’invasion du phylloxéra, ruinant quinze cent mille familles vigneronnes, sans parler de deux millions de commerçans et d’industriels dont le travail se rattachait aux produits de la vigne. Les traditions les plus étranges, les théories les plus fausses, n’empêchaient pas la vigne de produire à elle seule le quart du revenu total agricole de la France, sans occuper plus d’un seizième de sa plus pauvre surface cultivable.

Au moment du désastre, la lumière se faisait ; quelques-uns commençaient à comprendre le retard que la plantation profonde apportait à la fructification, et, sans l’exprimer aussi élégamment que Virgile, disaient avec lui que la réduction imposée à la souche par une taille trop courte entraînait nécessairement la réduction du système radiculaire, et cela au détriment de la fertilité et de la longévité :

…. Quantum vertice in auras
Æthereas, tantum radice in Tartara tendit.

Je vais essayer de raconter aujourd’hui ce que nous autres de la langue d’oc avons appris à faire pour réparer nos malheurs, et si je cite d’autres pays que je ne connais guère, ce ne sera que d’après des autorités plus vigneronnes que littéraires.