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inévitables. Le gouvernement des beaux-arts réclame avant tout un effort énergique ; ce n’est plus un sous-secrétaire d’état qu’il faut dans ce poste, c’est un ministre. Entre le département de l’instruction publique et cette branche de la haute administration, la disjonction s’impose, et quand l’expérience nous aura suffisamment avisés de la nécessité de placer à la tête des beaux-arts un homme compétent, peut-être saura-t-on où le trouver ?

Et puisque nous avons prononcé le nom d’Herold, disons un mot d’une page du grand musicien exécutée pour la première fois, le 10 juillet, au Cirque-d’Été, par les élèves des écoles communales de la ville de Paris. Il s’agit d’un hymne national écrit sur des vers de Victor Hugo :

Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie,
Ont droit qu’à leurs tombeaux la foule vienne et prie.


Ce chant superbe à toutes voix, à toute harmonie militaire a produit un immense effet ; c’est de l’Herold inédit et très authentique. Une question seulement : Cette musique a-t-elle bien été composée pour ces paroles et ne faudrait-il pas plutôt voir là une simple adaptation ? Dans l’œuvre d’Herold, où, comme le disait Auber, la qualité remplace la quantité, dans cette œuvre choisie, exquise et rare, tout est connu depuis longtemps, tout est classé. Comment alors se peut-il faire que le public ait ignoré jusqu’à ce jour un morceau de cette importance ? Avons-nous donc tant de chants patriotiques pour en négliger un qui nous viendrait de pareille source ? Peut-être qu’en cherchant bien dans les fastes du vieil Odéon, vous y trouveriez mention d’une pièce intitulée Missolonghi, représentée, vers 1828, avec des intermèdes lyriques dû futur auteur de Zampa. C’était à la veille des Orientales, à l’époque où brûlait partout le feu sacré de l’hellénisme, et le drame que, naturellement, je n’ai vu ni entendu, mais dont je puis parler sur la foi d’un témoin qui passait généralement pour savoir son affaire, ce drame de Missolonghi contenait un chœur sublime : la Bénédiction des drapeaux, digne d’être comparé à la scène, du même genre placée par Rossini dans le Siège de Corinthe. Ne serait-ce pas une variante illustrée de ce morceau qu’on nous a donnée l’autre jour ? Le fils d’Herold aurait seul qualité pour nous éclairer là-dessus, et la chose en vaudrait la peine ; car si, contrairement à ce que je pense, l’hymne en question n’est point le résultat d’un arrangement ad libitum, il faudrait s’enquérir de ce que sont devenus les fragmens de Missolonghi, et ce serait alors deux trouvailles au lieu d’une. — Quant à l’Opéra populaire, les fondemens en sont jetée, et le projet aboutira, pourvu qu’il se rencontre un homme qui réponde aux exigences de la situation. Méfions-nous maintenant des