Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 46.djvu/725

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’emprunt italien a eu tout le succès qu’il pouvait obtenir dans les conditions particulièrement défavorables qui ont entouré la réalisation de cette grande opération. Les souscriptions ont été assez importantes en Italie et en Angleterre, peu nombreuses en France. Il faut maintenant repasser le stock au vrai public. Un syndicat s’est formé à cet effet, et déjà l’italien a été relevé au-dessus du cours de 90. Quant aux conséquences que l’opération peut entraîner en ce qui concerne le marché monétaire, elles ne semblent pas devoir susciter de sérieuses inquiétudes. Déjà des sommes assez importantes ont été prises en or à la Banque d’Angleterre, sans que cet établissement ait eu à adopter aucune mesure préventive. Les maisons anglaises, de premier rang, avec lesquelles a traité M. Magliani, seront assez puissantes pour fournir à l’Italie l’or et l’argent dont elle avait besoin, sans que le marché de l’escompte à Paris et à Londres en éprouve une profonde perturbation. Il est fort heureux, au surplus, dans les circonstances actuelles, d’avoir à constater que, les récoltes étant bonnes en Europe et ordinaires aux États-Unis, nous n’aurons probablement pas d’or à expédier cet automne en Amérique.

L’encaisse métallique de la Banque de France n’a pas, en effet, subi les diminutions que l’on attendait. Le stock d’or s’est au contraire légèrement accru cette quinzaine, fait d’autant plus remarquable que le ministre des finances a donné l’ordre aux agens du trésor de ne plus verser intégralement aux caisses de la Banque tout l’or qu’ils recevaient. Ce drainage opéré en temps opportun avait produit d’utiles effets en prévenant une élévation du taux de l’escompte. Les chiffres atteints par les importations de métaux précieux en France depuis le commencement de l’année font espérer qu’il ne sera plus nécessaire jusqu’à la fin de l’exercice courant de recourir à cette mesure.

Les actions du Crédit foncier ont eu un marché très agité et ont perdu finalement le cours de 1,700 francs sur la nouvelle de l’ajournement, par le conseil d’état, de toute décision relative à l’augmentation du capital de cet établissement. Voici ce qui s’est passé au sujet de cet ajournement, qui a donné lieu à des interprétations contradictoires. Le Crédit foncier demandât à créer 140,000 actions nouvelles libérées de 250 francs à l’aide des réserves disponibles ; 130,000 titres seraient donnés aux actionnaires à raison d’une action nouvelle pour deux anciennes, et 10,000 titres seraient vendus à la Bourse avec une forte prime destinée à reconstituer une resserve nouvelle ou un bénéfice distribuable. La demande a été transmise au conseil d’état par le ministre des finances sans que celui-ci ait manifesté d’aucune sorte le désir de la voir agréée. Les sections des finances et du commerce ont émis un avis la favorable à la partie de la demande qui a trait à la création de 130,000 titres nouveaux ; mais elles ont repoussé l’autre partie