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VOYAGE EN SYRIE

IMPRESSIONS ET SOUVENIRS[1]


DE JERICHO A NAZARETH.

C’est en quittant Jéricho pour se rendre à la fontaine d’Elisée qu’on remarque surtout la grande fertilité de la contrée ; on y est littéralement enfoui sous les moissons ; les fleurs se montrent partout; il y en a de toutes sortes; la seule qu’on ne trouve pas aux environs de Jéricho est précisément la rose fameuse qui porte le nom de cette ville et qui a, comme on sait, la propriété de refleurir dans l’eau lorsqu’elle est desséchée. On s’en console d’autant plus aisément que cette prétendue rose est une plante assez vilaine et de très petite taille. « Je me suis élevé, dit l’Ecclésiaste, comme le palmier de Cadès et comme le rosier de Jéricho. » J’ignore si le palmier de Cadès porte bien haut sa tête ; mais s’élever comme le rosier de Jéricho, c’est presque ramper à terre. Si l’Ecclésiaste avait dit : « Je me suis élevé comme le blé de Jéricho, » la comparaison eût été saisissante pour les voyageurs qui s’avancent péniblement au milieu des superbes moissons de cette admirable oasis. La fontaine d’Elisée, une des plus belles sources de la Palestine, où il y en a pourtant de si belles, contribue beaucoup à fertiliser le pays qui s’étend autour d’elle. Jadis ses eaux étaient amères, au grand désespoir des habitans de Jéricho. Ils vinrent s’en plaindre au prophète Elisée,

  1. Voyez la Revue du 15 mai, du 15 juin, du 15 juillet et du 15 août.