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UN
POÈTE DU GRAND MONDE

Poet and Peer, by Hamilton Aïdé, 3 vol. ; Hurst and Blackett ; London.


XIV.

Au mois de décembre suivant, Wilfred Athelstone vint s’installer à Rome avec sa mère au Tempietto, cette charmante demeure qui, du coin de la via Gregoriana, domine les marches de la Trinità del Monte. Il n’était arrivé que depuis peu de jours, quand un matin il entra en courant dans le salon de lady Athelstone :

— Ma mère, figurez-vous que je viens de rencontrer la plus extraordinaire, la plus intéressante créature,.. une déesse effleurant ce bas monde en costume du moyen âge… Sa robe grenat garnie de fourrure semblait taillée sur celle de la Marguerite de Goethe ;.. on l’aurait prise au milieu de la terrasse du Pincio, où elle dessinait, pour une figure de Botticelli sortie de son cadre.

— Vraiment ! s’écria lady Athelstone. Si je ne me trompe, Botticelli était un Florentin du XVe siècle. Quelle idée ridicule chez une jeune femme de nos jours de s’affubler ainsi !

— Eh bien ! non, ce n’est pas ridicule ; elle fait preuve d’une âme supérieure aux caprices absurdes des modes de Paris, voilà tout ! Attendez que vous ayez vu mon héroïne. Je l’ai suivie de loin, je sais qui elle est, et, chose singulière, j’avais déjà beaucoup entendu parler d’elle par lady Frances !

— Ah !.. Elle est du monde, alors ? Je l’aurais prise, sur la foi de votre description, pour quelque modèle ; mais me voilà forcée de changer d’avis ; lady Bannockburn est très scrupuleuse dans le choix de ses relations. Son nom ?