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gagna les bois et s’étendit sur un vaste espace. Pendant la nuit, à regarder du pont des navires, l’effet était merveilleux; les conséquences n’en demeuraient pas moins regrettables. Les sondages dans le port du Rendez-vous étant terminés, les observations magnétiques accomplies, on leva l’ancre; c’était le 12 décembre.

Dès le lendemain, avant huit heures du matin, on aperçut l’île Campbell à la distance de 4 ou 5 lieues. Deux heures et demie plus tard, malgré les rudes coups de vent qui se succédaient, on atteignit l’entrée du port. Le capitaine du brick la Persévérance, Frédérick Hazelburgh, aj’ant le premier, en 1810, reconnu Campbell, avait appris que l’île a environ 30 milles de circonférence, qu’elle est montagneuse, qu’elle possède plusieurs havres sûrs, principalement à la côte orientale. L’Erebus et le Terror mouillèrent dans le plus méridional, le port Persévérance. Là, furent recueillies des informations nouvelles d’un caractère scientifique sur une terre qui, par sa situation avancée vers le sud, appelle l’étude.

Campbell a des rives abruptes, bordées d’une ceinture d’herbes marines. Les collines, — la plus haute située dans le nord n’arrive pas à 500 mètres, — moins boisées qu’aux Auckland, ont un aspect triste, les arbres n’existent que dans les endroits abrités. Sur cette terre d’une étendue si restreinte, J. Hooker trouve les plantes aussi nombreuses en espèces que sur les îles Auckland et il explique le phénomène par une plus grande variété du sol, par la présence de profonds ravins. Les côtes sont ferrugineuses, les montagnes n’offrent vers les sommets que roches nues, mais autour des baies, des champs de fleurs où certaines composées étalent des fleurs d’or en telle abondance qu’une teinte jaune est sensible à plus d’un mille du rivage[1]. Sur cette île Campbell, absolument déserte, on vit sur les bords d’une crique les débris de quelques cabanes ainsi que les sépultures de plusieurs marins et d’une femme française qui s’était noyée par accident. L’Erebus et le Terror ayant fait provision d’eau et de bois, le commandant donna ses derniers ordres pour le départ. S’éloignant de Campbell dans la matinée du 17 décembre 1840, les navires britanniques gagnaient les hautes latitudes. James Ross ayant réussi à pénétrer à travers les glaces, plus loin, au-delà du cercle antarctique, que n’avaient pu le faire tous les précédens navigateurs, eut la fortune de rencontrer la terre Victoria. Après cette rude campagne, l’Erebus et le Terror reparurent à la Tasmanie; — un peu plus tard, ils arrivaient dans les eaux de la Nouvelle-Zélande. ayant passé en vue des îles des Trois-Rois, puis du cap Maria Van Diemen et du cap Nord, ils se trouvaient au soir du 17 août 1841 à

  1. Des plantes du genre Chrysobactron.