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période glaciaire. Au total, il y aurait eu en Angleterre au moins quatre extensions glaciaires séparées par autant de retours momentanés à un climat relativement doux. Aucune objection ne saurait être opposée à une pareille manière de voir, appuyée sur de sérieuses observations, s’il s’agissait seulement de définir des incidens propres à la région britannique. En les localisant et en les limitant à ce pays, rien de plus naturel que les retraits et les retours partiels des glaciers ; nous sommes encore témoins de ces phénomènes, et plus les glaciers quaternaires étaient considérables, plus aussi leurs oscillations doivent avoir eu de l’amplitude. Il serait plus difficile de vouloir y reconnaître une échelle graduée et générale applicable à toute l’Europe, rendant compte des alternatives que notre continent aurait éprouvées et qui l’auraient également affecté dans toute son étendue. Rien en réalité n’atteste l’existence de ces invasions de froid séparées par autant de périodes calmes et tièdes. Partout ailleurs qu’au contact même des anciens glaciers, où l’on s’est hâté de généraliser des notions et des accidens de localité, on saisit au contraire la puissante unité d’action d’une cause dont les conséquences se déroulent et s’enchaînent sans qu’il soit nécessaire de refouler les animaux et les plantes, pour les ramener plus tard par les mêmes chemins, sur les mêmes points, sauf à les exclure de nouveau.

Lors de la plus ancienne des phases reconnues en Suède par Erdmann[1], le continent Scandinave présentait une étendue plus grande et un relief au-dessus du niveau de la mer plus considérable que maintenant. Le pays, sauf les plus hautes cimes, se couvrit de glaciers et ces glaciers s’avancèrent d’autant plus loin que la mer était alors restreinte dans de plus étroites limites. Cependant, la Scanie et d’autres points échappèrent à cette action des glaces, soit qu’ils fussent situés en dehors de leur portée, soit que cette partie du pays fût alors détachée des terres du Nord et soudée au reste de l’Allemagne. À cette époque, la Scandinavie, réunie peut-être à l’Ecosse, a dû présenter l’aspect du Groënland, et une immense table de glace provenant de la jonction des principaux glaciers a pu s’étaler au loin comme une ceinture gigantesque, conformément à l’exposé de M. Geikie. Plus tard, toujours d’après Erdmann, un abaissement amené par saccades affaissa inégalement le pays, de manière à favoriser partout l’envahissement des terres par la mer mise en contact avec les glaciers qui continuaient à les couvrir : de là sur beaucoup de points un remaniement des moraines formées dans le cours de la période précédente. Sous l’empire de ces nouvelles

  1. Exposé des formations quaternaires de la Suède, par Erdmann, trad. par Cromer; Stockholm, 1868.