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l’étage immédiatement antérieur, le cénomanien de d’Orbigny, et se sont répandues dans toute l’Europe. C’est un fait général, encore inexpliqué, mais dont il faut tenir compte pour apprécier sainement les vicissitudes de la flore. Celle de Bagnols n’a pas été encore publiée; elle est trop étrange, bien qu’elle ne soit pas isolée[1] pour donner lieu dès maintenant à un examen raisonné. Les conifères, sont, il est vrai, des araucariées et des séquoïées comme celles que l’on rencontre partout à cette époque, de la Provence au Spitzberg, mais les fougères ne ressemblent à rien de ce qui existe aujourd’hui. Les plantes « à feuillage » se rattachent pour la plupart à des combinaisons de forme en voie de développement ; au reste, bien qu’il s’agisse d’une catégorie de plantes encore récente, plus de la moitié des espèces [recueillies en faisait certainement partie. Un peu plus tard, la craie supérieure d’eau douce laisse voir en Provence le premier palmier, et la végétation ayant acquis enfin tous les élémens qu’elle comprend encore de nos jours, au sein des contrées les plus favorisées du soleil, étale dans la vallée du Rhône les mêmes richesses que partout ailleurs.

Les temps tertiaires commencent ; malgré bien des lacunes, on peut juger sainement de l’ensemble végétal que possédait durant la première moitié de cette période la région où plus tard le glacier du Rhône viendra déborder. Rien n’indique encore le refroidissement futur. — On a adopté, depuis Lyell, ()0ur le tertiaire, trois divisions principales avec les noms « d’éocène » pour la plus ancienne, de « miocène » pour l’intermédiaire, de « pliocène » pour la plus récente; mais il est plus naturel de se servir, dès qu’il s’agit d’indiquer la marche de la végétation se modifiant peu à peu, des cinq étages dénommés ainsi qu’il suit à partir du plus ancien : paléocène, éocène, oligocène, miocène et pliocène. En consentant à adopter ces termes, on a l’avantage de marquer l’enchaînement des phénomènes que nous analysons. Pour abréger, nous placerons notre point de départ dans l’éocène. Les palmiers se rencontrent alors partout; il s’y joint bien d’autres arbres qui dénotent un climat chaud, et ces indices ne sont pas particuliers à la vallée du Rhône et la Provence; ils sont les mêmes auprès d’Angers, de Paris et de Londres. — L’oligocène, avec quelques nuances, montre la continuation du même état de choses ; même dans le miocène, les palmiers s’avancent encore au-delà du 40e degré; les canneliers et

  1. Des plantes semblables et visiblement contemporaines ont été recueillies, sur un niveau géognostique correspondant, au Beausset, près de Toulon, par M. Toucas, géologue distingué. Elles ont fait visiblement partie du même ensemble végétal qui devait par conséquent occuper toute la vallée du Rhône, lors de la craie supérieure turonienne.