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d’instruction publique. À Rouen, entre autres, ce comité se composait de membres choisis parmi les hommes de lettres et les artistes de la société. Quant à ses attributions, elles comprenaient : « tout ce qui concerne les écoles publiques, les principes qu’on y professe, la discipline qu’on y observe, les livres élémentaires et autres ouvrages mis entre les mains des élèves, les plaintes portées contre les instituteurs concernant les mœurs ou le talent, les jeux, les spectacles, les pièces qui y sont représentées, la police intérieure qui y est exercée, enfin tout ce qui a trait à l’éducation et à l’instruction publique[1]. » À Périgueux, c’est le comité d’instruction publique qui préside la distribution des prix ; à la Châtre, c’est lui qui rédige à l’usage des écoles cet arrêté :

« Art. 1er . — Les instituteurs et institutrices publics de la commune de la Châtre seront tenus de ne plus mêler dans l’instruction publique les élémens d’aucun culte religieux.

« Art. 2. — L’ouverture de chaque classe se fera par le chant de la strophe chérie de l’hymne des Marseillais contenant l’invocation à la liberté, et la clôture par cette autre strophe de la même ode : « Nous entrerons dans la carrière, etc. »

Mais voyez la complication : ce n’est pas seulement au gouvernement des écoles que prétendent les sociétés populaires. Dès le principe, elles eurent la prétention d’être elles-mêmes « une branche essentielle de l’instruction publique[2]. » C’est ainsi que l’auteur d’un des projets d’éducation soumis à la convention, et l’un des membres influens du comité d’instruction publique de cette assemblée, Lanthenas, envisageait, leur rôle et leur but. « Pour conserver l’égalité, ce don précieux que nous tenons de la nature, et pour la transmettre à la postérité, disait-il, l’assemblée nationale ne doit donc pas balancer de provoquer elle-même dans chaque canton les sociétés populaires, les seules qui puissent instruire tous les citoyens et rendre vains tous les efforts de l’intrigue. Elle doit lier à l’éducation cette seconde branche de l’éducation publique, et consacrer par le nom même qui désignera ces sociétés l’esprit d’égalité et de fraternité qui doit être désormais la base de toute réunion… » Aux Jacobins, dès le mois de septembre 1791, on ne

  1. Règlement particulier pour l’organisation des comités de la société populaire et républicaine de Rouen. Ces comités étaient au nombre de onze : 1o comité de correspondance ; 2o comité de bienfaisance ; 3o comité de présentation ; 4o comité d’agriculture, commerce et subsistances ; 5o comité des pétitions ; 6o comité d’instruction publique ; 7o comité de surveillance ; 8o comité des défenseurs des opprimés ; 9o comité militaire et d’épuration de la garde nationale ; 10o comité d’administration ; 11o comité des certificats de civisme.
  2. Des Sociétés populaires considérées comme une branche essentielle de l’instruction publique, par Lanthenas.