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Le polariscope est un instrument compliqué qu’on ne peut décrire ici ; il permet de reconnaître si une lumière vient directement d’une matière enflammée ou si elle a été réfléchie dans son trajet par le corps qui nous l’envoie. Or le polariscope montre qu’une partie de la lumière des comètes vient du soleil et qu’elle a été réfléchie par elles.

Mais outre cette partie, il y en a une autre que la comète envoie par elle-même et qui nous est révélée par le spectroscope. Toute lumière qui a traversé un prisme est décomposée ; elle s’étale en une image allongée qu’on nomme spectre, où les diverses couleurs sont séparées depuis le rouge jusqu’au violet. En général, ce spectre n’est point continu ; on y voit des bandes, les unes sombres, les autres lumineuses, qui changent de disposition et de place suivant la nature des flammes et qui révèlent à l’observateur la composition chimique de ces flammes. C’est par ce procédé qu’on a pu connaître les matières qui entrent dans la composition du soleil, des étoiles fixes et des planètes. Le spectre du soleil en particulier a été parfaitement étudié, et tout physicien sait le reconnaître au premier aspect. Il en est de même du spectre des gaz carbonés, hydrogénés et azotés quand ils sont rendus lumineux soit en brûlant, soit par le passage d’une effluve électrique, il se réduit à quatre bandes lumineuses que séparent de larges espaces obscurs ; elles sont placées dans le jaune, le vert, le bleu et le violet ; elles affectent des caractères si tranchés qu’il est impossible de les oublier quand on les a vues une fois ; elles sont d’ailleurs caractéristiques ; on ne les voit qu’avec les gaz qui renferment du charbon, de l’hydrogène, de l’azote, et l’on peut conclure que ces substances existent dans tous les corps éclairans qui montrent ces bandes. Or les comètes nous les présentent ; tous les observateurs les y ont vues depuis Donati et toutes les comètes nous les montrent aux mêmes places. C’est là un fait certain qu’on ne doit, qu’on ne peut révoquer en doute. On les voit particulièrement dans l’auréole et au commencement de la queue. Cela conduit à deux conclusions : premièrement, les auréoles cométaires contiennent du charbon, de l’azote et de l’hydrogène ; secondement, ces corps y sont à l’état de gaz rendus incandescens, soit par leur combustion, soit par une effluve électrique.

Il n’y a rien d’étonnant à ce que ces matières existent dans les comètes ; l’hydrogène et l’azote sont répandus dans la nature entière, jusqu’au soleil, jusqu’aux étoiles fixes ; et quant à la présence du charbon, on connaît toute une classe de pierres tombées du ciel, qui ont la composition de la tourbe ou de la houille : ce sont peut-être des débris de comètes décomposées. Rien n’est plus naturel enfin