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et océaniens, auparavant inconnus. L’effet direct de ce nouvel état dut être d’entraîner des précipitations aqueuses plus considérables qu’aux époques antérieures par la condensation d’une plus grande partie de la vapeur d’eau contenue dans l’atmosphère et mise en contact avec les surfaces et les courans refroidis. Ces précipitations, en se traduisant par d’abondantes chutes de neige sur les montagnes, fournissaient par cela même un aliment de plus aux glaciers qui descendaient des hautes cimes. Tout contribuait ainsi à l’extension de ceux-ci, jusqu’à la chaleur des contrées soustraites à l’influence des frimas polaires, trop voisines des tropiques pour la ressentir. Les vapeurs tièdes de ces contrées arrivent, comme on le sait, par les régions élevées de l’atmosphère, à la rencontre des courans froids venus du pôle ; la condensation des vapeurs converties en pluie est la conséquence nécessaire de cette rencontre.

Nous ne reviendrons sur aucune de ces questions, les tenant pour résolues, mais nous tournerons ailleurs nos regards et nous rechercherons les côtés que l’étude des seuls phénomènes glaciaires ne saurait découvrir, et que les localités et les formations, demeurées en dehors du périmètre de leur action, laissent au contraire apercevoir ; nous voulons dire par là que nous aurons en vue ce qu’était alors le climat, comment se comportèrent les plantes et les animaux quaternaires, enfin dans quelles conditions l’homme lui-même vint s’établir en Europe ; quelles traces il a laissées de son séjour, dans un âge aussi reculé, et quels étaient enfin les caractères de ces premières races.


II.

Les indices d’abaissement de la température, à partir de la dernière des cinq périodes tertiaires, sont assez nombreux et assez décisifs pour nous servir de guide ; mais nous ne devons pas oublier, en les appréciant, que, le mouvement de froid ayant suivi, pour se propager, la direction du nord au sud, par la même raison que les pays tropicaux n’en furent jamais affectés, de même les contrées de l’Europe limitrophes du cercle polaire subirent les premières cette influence, en sorte que l’élévation décroissante de la température maintenait encore une certaine chaleur dans le midi du continent, alors que la partie boréale de ce même continent se trouvait déjà presque entièrement refroidie. Ainsi, c’est tout d’abord à une inégalité assez marquée du climat que tendit le mouvement inauguré par l’envahissement des glaces polaires ; et il est d’autant plus essentiel pour nous de préciser la nature et les conditions de ce phénomène