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— et le succès récent des obligations communales à 4 0/0 vient encore de l’attester, — ont été contractés à un taux tellement rémunérateur pour lui-même, qu’il a pu, par une mesure des plus hardies et des plus heureuses, abaisser tout d’un coup l’intérêt que lui payaient ses débiteurs, à la seule condition pour ceux-ci de ne se libérer désormais qu’en numéraire, et non plus en restituant au Crédit foncier ses propres obligations, lorsqu’ils veulent anticiper sur leurs versemens futurs ou éteindre leur dette par avance. Le Crédit foncier, qui ne prête jamais avec son capital de garantie, mais qui n’est qu’un simple intermédiaire entre les obligataires, ses propres créanciers, et des emprunteurs opérant un amortissement annuel, n’avait pu dans l’origine refuser à ces derniers le droit de lui rapporter pour anticiper leur libération les propres titres qui avaient fourni matière à leurs emprunts. Or, après 1870, les obligations foncières étant tombées au-dessous du pair, une spéculation intelligente les recueillit, les restitua au Crédit foncier, et en éteignant d’anciennes dettes gagna toute la différence qui existait entre le prix d’acquisition des obligations à la Bourse et le pair. Le Crédit foncier, pour se défendre contre le retour de pareilles opérations qui réduisaient le nombre de ses prêts et diminuaient ainsi le chiffre de ses bénéfices annuels, a profité de la première occasion offerte et prescrit le paiement en numéraire en échange d’une diminution d’intérêt.

Le Crédit foncier ne prête pas seulement sur hypothèque aux propriétaires d’immeubles, mais aux communes sur des annuités inscrites dans leurs budgets, et d’autre part, il émet des obligations foncières et communales dont le chiffre doit correspondre à celui de ses prêts, tout en gardant une certaine proportion avec son capital social. Au 31 juillet 1881, le total des prêts hypothécaires s’est élevé à 1,059,005,000 francs contre 1,006,066,000 francs d’obligations foncières et celui des prêts communaux à 655,692,000 fr. contre 596,000,000 francs d’obligations communales, ensemble 1,714,697,000 francs de prêts contre 1, 602,066,000 francs d’emprunts en obligations. A la date du 31 décembre 1880, l’ensemble des prêts montait à 1,572,521,000 francs contre 1,426,364,000 fr., capital produit, d’obligations en circulation. L’exercice actuel n’étant pas encore fermé et une nouvelle émission d’obligations restant encours, il est mieux de comparer les chiffres de la précédente année avec ceux de l’année 1872, par exemple. Au 31 décembre 1872, l’ensemble des prêts ne dépassait pas 1,376,485,000 francs et le capital produit par l’émission des obligations foncières et communales atteignait 1,314,274,000 francs. De 1872 à 1880, on le voit, la différence n’est pas très grande, et on comprend aisément que les directeurs du Crédit foncier se soient préoccupés de donner plus d’extension à leurs opérations. L’année 1881 promet