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la constitution du Crédit foncier algérien, de la Société foncière de France et d’Algérie et les accords conclus avec les sociétés foncières dont il vient d’être question.

Nous ne saurions, en signalant les efforts tentés récemment pour venir en aide à la propriété foncière, passer sous silence la fondation de la Banque hypothécaire due à l’initiative de M. le baron de Soubeyran, avec le concours de six grands établissemens de crédit. La haute expérience de l’ancien sous-gouverneur du Crédit foncier, l’aide puissante qu’il apportait au nouvel établissement en sa qualité de fondateur de la Banque d’escompte, la participation des sociétés parisiennes les plus riches, promettaient à la Banque hypothécaire un prompt développement ; la faveur publique s’attacha donc à ses débuts, et comme aucun privilège n’existe en matière de prêt foncier, le bruit courut même qu’on allait, dans les principales villes de France, ouvrir des établissemens semblables. Il n’en a rien été cependant. Comment, en effet, procurer à ces sociétés les capitaux qu’elles doivent prêter sur hypothèques avec de longs délais d’amortissement ? Ce ne peut être que par l’émission d’obligations à long terme. Mais comment obtenir du public le placement de ces obligations à des conditions telles qu’il reste entre l’intérêt qui leur est attribué et l’intérêt à recevoir des débiteurs hypothécaires une marge suffisante pour laisser des bénéfices à l’établissement intermédiaire ? Devant ce problème, les plus audacieux ont dû reculer, et la Banque hypothécaire elle-même ne semble pas encore l’avoir résolu à son entière satisfaction, puisqu’elle a changé plusieurs fois le type des obligations qu’elle offre au public. Quoi qu’il en soit, la création de la Banque hypothécaire a produit tout d’abord ce résultat pour les propriétaires emprunteurs de faire baisser le taux de l’intérêt, et c’est pour lutter contre son nouveau rival que le Crédit foncier a été amené à prendre la mesure dont il a été parlé plus haut ; mais est-il possible de la maintenir dans l’avenir ? On se demande si une entente ne s’établira pas entre les deux sociétés pour relever les taux d’annuités au chiffre primitivement établi ; on va même jusqu’à agiter sérieusement la question de l’absorption de la Banque hypothécaire par le Crédit foncier.

Nous n’avons pas de préférence marquée pour l’une ou l’autre de ces solutions. La seconde, plus conforme aux précédens, à nos habitudes, paraît plus simple et plus efficace : il est aisé de concevoir une organisation embrassant toute la surface du pays, n’agissant que là où les affaires se présentent, concentrant les renseignemens et les ressources ; les relations étroites qui existeraient entre un Crédit foncier privilégié et la Banque de France elle-même par la similitude de leurs statuts donneraient à chacun des forces, nouvelles, et par la fusion avec la Banque hypothécaire d’abord et la