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fois une diminution de revenu et une augmentation de capital, propre, en un mot, à provoquer la hausse plutôt que la baisse, mais la conversion ramenée à ses termes les plus simples, c’est-à-dire la réduction à 4 1/2 pour 100 de l’intérêt servi actuellement aux détenteurs du 5 pour 100.

Il est difficile de déterminer Jusqu’à quel point cette crainte de la conversion a été sincère et si elle n’a pas servi, en partie au moins, à expliquer des ventes auxquelles toute préoccupation conversionniste était étrangère. La haute banque avait acheté, du 1er au 15 novembre, des quantités considérables de 5 pour 100 en vue d’éventualités politiques qui ne se sont pas réalisées. L’opération a été défaite dans la seconde partie du mois, et il en est résulté que le 5 pour 100, qui avait été porté de 115.80 au-dessus de 117 francs pendant les deux premières semâmes, a été ramené ensuite de 117 à 115.35. On aurait même bientôt vu sans doute des cours encore plus bas, par suite de l’inquiétude jetée dans les esprits au sujet de la réduction du 5 pour 100 en 4 1/2, si dans une note publiée lundi dernier par un journal du soir ne s’étaient trouvées les lignes suivantes : « On aurait tort de prendre au sérieux les projets, plus ou moins radicaux, que l’on a attribués au début à certains collaborateurs de M. Gambetta. Sans doute le gouvernement ne s’interdit pas, par exemple, de convertir la rente et de racheter les chemins de fer, mais il voit plutôt dans chacune de ces mesures une ressource éventuelle pour des cas extrêmes et vraisemblablement lointains qu’une combinaison actuellement et utilement applicable. »

Le soir même, sur le marché libre, le 5 pour 100 se relevait avec vigueur de 115.35 à 115.90. Mais les acheteurs n’ont pu réussir à tirer de ce démenti infligé aux nouvelles conversionnistes un élément suffisant de reprise, car dès hier le 5 pour 100 était ramené à 115.52. Les rentes 3 pour 100 n’ont pas autant baissé que le 5 pour 100, mais le recul est encore de 60 à 70 centimes sur le 3 pour 100 ancien et sur l’amortissable. Quant à l’emprunt émis en mars 1881, il s’est maintenu à 85.40, et se trouve coté au-dessus du 3 pour 100 ancien, après être resté si longtemps au-dessous, par suite de la défaveur persistante du public. L’arbitrage entre les deux fonds était tout indiqué, et bon nombre de spéculateurs avaient entrepris de faire disparaître une anomalie qu’aucun motif plausible n’expliquait. Leurs efforts en ce sens ont été favorisés par une décision que le ministre des finances a prise, le 4 novembre, et qui autorise, à partir du 1er décembre prochain, la libération complète des certificats de l’emprunt d’un milliard en 3 pour 100 amortissable, dont le dernier terme arrivait à échéance le 16 janvier prochain.

Cette mesure a rappelé l’attention du public financier sur les disponibilités considérables que détient le trésor à son compte-courant à la