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résulter des améliorations à introduire dans les divers services publics, et d’une nouvelle loi sur les chemins de fer dont le parlement était saisi et qui avait pour objet le classement et la construction de lignes complémentaires. Le ministre des finances était donc contraint d’étendre son regard au-delà de l’exercice en cours ; il était dans l’obligation de démontrer que la réforme qu’il proposait ne détruirait l’équilibre du budget ni en 1879, ni dans les années suivantes. Il lui fallait donc tenir compte, année par année, des dépenses nouvelles que devaient entraîner des lois déjà votées ou soumises au parlement, et comme il était le premier à reconnaître l’impossibilité de réduire les crédits, déjà trop restreints, accordés aux divers services publics, force lui était de demander des augmentations d’impôts assez considérables. Indépendamment de l’élévation déjà votée du prix de vente des tabacs, M. Magliani, dans son exposé financier du 16 mai 1879, proposait d’augmenter les droits d’entrée sur les sucres bruts et raffinés et de porter de 30 francs à 60 francs par hectolitre les droits sur les spiritueux. La première de ces deux mesures devait lui procurer 11 millions, et la seconde 8. Il comptait obtenir 4 millions et demi au moyen d’une légère augmentation des droits d’entrée sur les cafés, le poivre, la cannelle et le pétrole, et il attendait 3 millions d’un remaniement des droits de timbre et d’enregistrement. La révision des tarifs d’octroi, dont le produit devait être partagé, dans une certaine mesure, entre l’état et les villes, devait fournir un supplément de recettes de 6 millions; enfin une série de menues taxes sur les cartes à jouer, les permis de chasse, les ports d’armes, les places dans les théâtres, les autorisations ministérielles, et la suppression de quelques immunités et de quelques exemptions d’impôts devaient donner encore 4 millions. L’administration évaluait donc à 36 millions et demi les recettes nouvelles qui résulteraient de l’adoption de ces propositions ; mais le ministre, par prudence, ne les faisait figurer dans ses calculs que pour 30millions. Avec cette addition au revenu public et quelques économies qu’il attendait de la réduction de la dette flottante et du taux plus élevé auquel se placeraient les rentes à émettre pour la construction des chemins de fer, M. Magliani se faisait fort de mener à bonne fin la suppression du droit sur la mouture.

Le tableau que le ministre traçait des progrès accomplis par l’Italie et le programme de réformes financières qu’il esquissait étaient de nature à frapper l’attention du parlement. Les déficits budgétaires avaient pris fin et M. Magliani exprimait la confiance, que l’événement a justifiée, qu’ils ne se renouvelleraient plus : les recettes croissaient, lentement encore, mais avec régularité et sans interruption,