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des billets jusqu’à concurrence de 600 millions, et d’assurer la convertibilité de ceux qui demeureraient en circulation.

Nous n’avons pas à revenir sur l’examen que nous avons fait, ici même, des dispositions de ce projet de loi et du remarquable rapport qui l’accompagnait. L’accueil ne pouvait manquer d’être favorable ; il n’était point d’homme politique en Italie qui n’eût gémi des sacrifices que la disparition des métaux précieux imposait à l’état et au commerce national ; des considérations de prudence auraient donc, seules, pu être invoquées contre le projet de loi; mais, dès le premier jour, il trouvait dans les faits la plus éloquente des justifications. La prime sur l’or, qui s’était maintenue entre 10 et 11 pour 100 en 1879 et jusqu’à l’automne de 1880, descendit à 2 et même à 1 pour 100 aussitôt après la présentation de la loi. Celle-ci portait donc ses fruits avant même d’être votée. La commission législative, qui comptait dans son sein plusieurs anciens ministres des finances, décida qu’elle repousserait tout amendement qui toucherait soit au principe, soit aux dispositions essentielles de la loi, que le rapporteur reçut mission de soutenir énergiquement. La discussion ne fut marquée par aucun incident. A ceux qui critiquèrent la mesure comme incomplète, parce qu’elle laisserait encore en circulation environ 350 millions de papier d’état, M. Magliani répondit que son but était moins de retirer ce papier, avec lequel la population était familiarisée, que de faire disparaître tout agio : l’important était donc d’assurer la convertibilité de ce papier afin qu’il se maintînt au pair avec l’or et que tout agio disparût. Le ministre se flattait d’atteindre ce résultat en ramenant en Italie une quantité de métaux notable, en retirant les deux tiers du papier, et en imposant aux caisses publiques l’obligation d’échanger à vue, contre espèces, et de recevoir en paiement des impôts (les droits de douanes exceptés) les billets qui demeureraient dans la circulation et qui seraient considérés comme faisant désormais partie de la dette flottante ; ils seraient retirés graduellement à l’aide des excédens budgétaires. La circulation des bons du trésor étant rentrée dans les limites normales, ces excédens ne pouvaient recevoir un meilleur emploi. En retirant en premier lieu les coupures divisionnaires de 50 centimes, de 1 franc et de 2 francs, et les grosses coupures, et en laissant de préférence dans la circulation les coupures de 5 et de 10 francs, le ministre obéissait à des considérations puisées dans la situation monétaire; il espérait que, le pair entre le papier et le métal étant établi, la commodité et la légèreté des petits billets leur assureraient aux yeux du public un avantage sur la lourde monnaie d’argent ; ils continueraient donc aisément à circuler, et l’on préviendrait ainsi le trop grand et trop rapide