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dépassé les espérances du ministre des finances et confondu les prédictions de ses adversaires. Le doublement de l’impôt sur les spiritueux, porté de 30 à 60 francs par hectolitre, n’avait pas empêché l’importation de s’élever de 87,000 hectolitres en 1879 à 128,000 en 1880 sans que la fabrication des distilleries italiennes eût subi aucun ralentissement. L’importation des sucres, des cafés, du cacao, du pétrole ne s’était nullement ressentie de l’augmentation des droits d’entrée : il y avait eu, pour le pétrole particulièrement, un accroissement considérable. Les recettes réalisées avaient dépassé de plus de 7 millions les évaluations jugées trop optimistes de M. Magliani. Or c’étaient là des impôts de consommation dont la progression ne pouvait résulter que du développement de l’aisance générale. L’accroissement continu du produit de l’impôt sur les successions était une autre démonstration du même fait. Enfin la plus-value d’environ 6 millions qu’avaient présentée les taxes sur les affaires venait confirmer ces progrès de la fortune publique en attestant que l’activité nationale ne se ralentissait point. Aussi le ministre avait-il la confiance, et la commission du budget exprima la même espérance que l’année 1881 donnerait encore des résultats plus favorables. L’événement n’a point trompé cette attente. Les tableaux qui viennent d’être publiés par la direction générale des impôts indirects (gabelle) constatent que, pendant les neuf premiers mois de 1881, les importations ont dépassé de 142 millions et les exportations de 62 millions les résultats de la période correspondante de 1880. Les impôts perçus par cette administration, droits d’entrée et de sortie, mouture, timbre, droits maritimes, etc., ont produit pour ces neuf mois 113,688,000 francs contre 89, 841,000 en 1880, soit une plus-value de 23,847,000 correspondant à une plus-value de 32 millions pour l’année entière. Les impôts directs et les postes et télégraphes ont donné des résultats également favorables, et l’ensemble des plus-values dépassera 50 millions.

Un ministre prévoyant et sage ne pouvait manquer de mettre à profit les progrès constans des recettes pour corriger les défauts d’un système d’impôts improvisé sous la pression de nécessités inexorables. Pouvait-il saisir une meilleure occasion d’étudier les diverses sources du revenu public et de rechercher les moyens de rendre les impôts ou plus productifs pour le trésor ou moins onéreux pour les contribuables? Quinze mois avaient suffi pour effectuer le recensement des immeubles bâtis, et cette opération avait eu pour conséquence une augmentation de revenu : le gouvernement avait aussitôt entrepris, et il poursuit actuellement une révision générale du cadastre, non pas pour accroître la quotité de l’impôt foncier, mais pour en assurer l’équitable répartition. Le Piémont