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SOUVENIRS LITTÉRAIRES



HUITIÈME PARTIE[1].


XV. — EN GRÈCE.

À la fin de 1850, l’Europe s’apaisait. Des tempêtes de 1848 et de 1849 il ne restait plus que la houle qui allait s’affaissant de jour en jour. Vainement l’Italie avait tenté de rejeter au-delà de ses frontières l’élément étranger qui l’opprimait, vainement la Hongrie avait réclamé, par les armes, les franchises que lui assuraient les traités ; la maison de Habsbourg, attaquée de toutes parts, chassée de Vienne, avait fait face au péril ; seule, elle avait reconquis le Lombard-Vénitien et brisé l’effort piémontais à Novare ; aidée de la Russie, elle, reprit la Hongrie, débloqua Temeswar et força les Magyars à capituler à Villages. A Pesth, à Milan, à Venise, l’ordre régnait, comme dix-huit ans plus tôt il avait régné à Varsovie. Ces guerres d’indépendance furent assimilées à des guerres révolutionnaires, la répression fut sans merci. Les soldats du droit national s’éloignèrent de leur pays et se répandirent sur le monde. Les épaves du naufrage flottèrent à tous les vents : Mare exsiliis plenum, a dit Tacite. L’Orient reçut un grand nombre de proscrits. Sur le Nil, près d’Assouan, j’avais rencontré le baron Auka, qui fut un des chefs du soulèvement sicilien ; à Esneh, à Keneh, je trouvai des médecins qui avaient été à Malgherra et à Ferrare ; au Caire, lorsque l’on

  1. Voyez la Revue des 1er juin, 1er juillet, 1er août, 1er septembre, 1er octobre, 1er novembre et 1er décembre 1881.