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à construire plus encore que de son appropriation. On serait du moins tenté de le croire quand on voit la quantité de terrain perdu dans l’ancien musée, l’inutilité de la rotonde qui en occupe le centre et le mauvais éclairage auquel étaient condamnées un grand nombre des salles de peinture. Hâtons-nous d’ajouter qu’on s’est ingénié depuis à remédier aux défauts de cette installation en pourvoyant d’une manière plus satisfaisante à la lumière, au chauffage et à la ventilation de ces salles. Comme sécurité d’ailleurs, le musée de Berlin présente toutes les garanties désirables. Isolé de toutes parts, il ne contient pas d’autre logement que celui des concierges. Nous voudrions pouvoir en dire autant de notre Louvre qui, enclavé de bien des côtés dans des bâtimens occupés par des services publics, renfermait jusque dans ces temps derniers des dépôts de fourrage situés sous les galeries mêmes de la peinture. On a écarté ces dépôts, mais aujourd’hui encore une population nombreuse logée dans le voisinage de nos collections multiplie autour d’elle des causes de danger et des chances d’incendie qui, si nous comptons bien, se sont manifestées au moins trois fois depuis deux ans.

Au cours des travaux de construction du musée, on avait rassemblé à Berlin les œuvres d’art choisies dans les résidences, et le célèbre statuaire Rauch, assisté du peintre Schlesinger, avait été chargé de les réparer. Enfin, après vingt-cinq ans de difficultés de toute sorte, le 3 août 1830, le vieux musée put être ouvert au public. C’est un édifice rectangulaire dont la façade méridionale, ornée de dix-huit colonnes ioniennes, affecte la forme d’un temple. Les murailles du péristyle auquel on monte par un large escalier sont décorées de fresques peintes d’après les esquisses de Schinkel, sous la direction de Cornélius, et aujourd’hui à demi ruinées. Nous ne saurions, du reste, déplorer beaucoup ce dommage, ces compositions étant d’un dessin assez banal et d’une horrible couleur.

L’édifice avait paru, au début, pouvoir longtemps suffire aux collections. Leur rapide accroissement fit bientôt reconnaître la nécessité d’un agrandissement, et le 6 avril 18’3 fut posée la première pierre du nouveau musée qui, relié à l’autre par un large couloir jeté au-dessus d’une rue, fut terminé en 1847. Dès leur achèvement, les diverses sections de cet édifice furent successivement livrées au public, mais l’installation ne fut complète qu’au commencement de 1859. Aujourd’hui, malgré la construction de la Galerie nationale qui a reçu les œuvres modernes, et celle du Gewerbe-Museum, où viennent d’être exposés les objets d’art du moyen âge et de la renaissance, la place manque de nouveau. Aussi est-il question de transporter dans un autre local les collections ethnographiques, et on parle également de créer des musées nouveaux pour les moulages d’Olympie et les marbres de Pergame. Le moment n’est pas