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Le résultat de cette joute sera sanglant, mais rien ne fait encore présager les émouvantes péripéties qui vont suivre. Sur l’autre face, au contraire, dans le combat des Centaures et des Lapithes, tout est tumulte et mouvement La lutte est violemment engagée, et de chaque côté d’Apollon, le dieu pacificateur, Thésée et Pirithoüs s’efforcent de défendre leurs femmes et de les arracher aux ravisseurs. Enfin, sur les douze métopes qui étaient rangées le long de la frise intérieure du temple, sont représentés les Travaux d’Hercule, qui, suivant la tradition, avait le premier consacré à Jupiter le territoire d’Olympie.

Les sujets de ces diverses compositions avaient été exactement indiqués par Pausanias, qui donne aussi les noms des deux sculpteurs chargés de leur exécution : Alcamène pour le fronton de l’ouest, et Pæonios pour celui de l’est. Mais ce que nous savons de ces deux artistes se réduit à peu de chose. Ni la date de leur naissance, ni celle de leur mort ne sont connues, et la chronologie de leurs œuvres est encore peu fixée. A s’en tenir aux données générales qui semblent les plus probables, ils appartiendraient l’un et l’autre à la génération qui suivit immédiatement Phidias. Alcamène était même l’élève de l’illustre sculpteur; né à Lemnos, mais venu de bonne heure à Athènes, il y avait vécu encore une vingtaine d’années après la mort de son maître, jouissant d’une grande renommée. Quant à Pæonios, originaire de Mendé en Thrace et contemporain d’Alcamène, il avait travaillé avec ce dernier pour Olympie (vers 436-432 avant Jésus-Christ) ; puis, s’étant fixé dans cette ville, il y exécutait une œuvre originale dont nous aurons bientôt occasion de parler. Si sommaires que soient ces indications, elles suffisent à faire comprendre quel intérêt devait s’attacher à des productions qui datent du plus beau temps de l’art grec et dont l’étude pouvait par conséquent éclairer une période assez peu connue de cet art. Malheureusement la lumière que nous fournissent ces œuvres est mêlée à bien des obscurités et les problèmes qu’elles soulèvent sont fort complexes.

Dans les lignes générales de la composition on remarque, il est vrai, des différences assez notables entre les deux frontons. Celui de Pæonios ne présente guère que des figures isolées; chacune y agit pour son compte, et aucun lien ne les rattache l’une à l’autre dans cet ensemble où on retrouve des procédés de composition à peine différens de ceux du fronton d’Égine. Dans l’œuvre d’Alcamène, au contraire, les combinaisons sont plus variées et on y sent comme une réminiscence, du Parthénon. Sans doute, la symétrie que commande toute décoration architecturale est ici respectée ; mais le contraste des mouvemens, le groupement des divers personnages et les actions communes auxquelles ils sont mêlés masquent