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instructions belliqueuses. Ces révélations, il faut le dire, ont provoqué aux États-Unis une émotion extraordinaire et un véritable soulèvement d’opinion contre l’ancien ministre des affaires étrangères. M. Blaine, fort maltraité par la presse, désavoué par le président, par le cabinet, singulièrement compromis dans son crédit politique, a cru nécessaire de tenir tête à l’orage et de s’expliquer. Malheureusement ses explications ne sont qu’un aveu et une aggravation de son étrange politique. « Il fallait, a-t-il dit, tenir en échec les gouvernemens de l’Europe et les empêcher de prendre pied dans l’Amérique. Il fallait aussi déposséder l’Espagne de Cuba afin que la clé des Antilles ne restât pas dans des mains européennes… » Il fallait, dans les affaires du Chili et du Pérou, empêcher les navires anglais « de s’emparer du monopole du commerce du guano au détriment des intérêts américains. » M. Blaine a cru évidemment regagner l’opinion en la flattant, en cherchant à réveiller toutes les susceptibilités américaines contre l’Europe, notamment contre l’Angleterre, à laquelle il avait adressé aussi des dépêches singulièrement agressives au sujet d’un ancien traité. Il ne paraît pas avoir réussi, et si ce curieux incident est une révélation nouvelle des passions de conquête qui fermentent toujours au sein de la grande république américaine, l’échec que subit en ce moment la politique de M. Blaine prouve aussi qu’il y a des entreprises équivoques que peut désavouer l’opinion d’un peuple puissant.


Ch. de Mazade.




LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE.




Quinze jours écoulés n’ont apporté que des modifications insignifiantes dans la situation du marché de Paris. Tout au moins peut-on constater avec satisfaction que la crise, puisqu’elle ne s’est pas aggravée, s’est en réalité atténuée, le maintien du statu quo étant infiniment préférable à la reculade constante des cours qui avait marqué la seconde quinzaine de janvier.

Ce qui se prolonge, et paraît, devoir durer longtemps encore, c’est l’atonie des transactions, c’est le spectacle si singulier que présente cette Bourse de Paris, naguère Si bruyante, si animée, où les affaires se brassaient par milliers de titres, aujourd’hui aussi calme qu’un marché de province de troisième rang et qui semble vouée exclusi-