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les communes[1]. Mais ces chiffres ne s’appliquent pas à l’année courante ni à l’année prochaine ; ils concernent pour l’état, l’exercice 1879, pour les départemens, l’exercice 1878 et pour les communes l’exercice 1877. Or, on a vu que déjà le budget de 1883, tel qu’il est préparé, offre un chiffre de 340 millions supérieur à celui qui vient d’être donné pour les recettes de l’état en 1879; les budgets des communes et des départemens se sont aussi accrus depuis 1877 ou 1878 ; il en résulte qu’on se trouve en présence d’un chiffre total de dépenses pour l’état et ses subdivisions, non plus de 3 milliards 495 millions, mais de plus de 4 milliards. Qu’on y joigne encore le budget des dépenses extraordinaires de l’état, qui dans ces dernières années a été de 600 millions environ et qui a une tendance à s’accroître, qu’on y ajoute aussi les budgets extraordinaires des départemens et des communes, et l’on approche fort près du chiffre de 5 milliards. Si l’on veut, en outre, réaliser l’utopie de quelques membres de la chambre et faire racheter les chemins de fer par l’état, c’est à 6 milliards de francs que l’on arrivera pour l’ensemble des dépenses annuelles, tant ordinaires qu’extraordinaires, de l’état, des départemens et des communes en France.

Nous avons tenu à placer sous les yeux du lecteur les traits principaux de la situation financière du pays, parce que, en général, on les ignore. Les plus-values exercent une telle fascination, nos budgets sont devenus si compliqués, si enchevêtrés, si changeans dans leurs cadres toujours provisoires, que presque personne ne se rend compte de l’état exact des finances publiques. Cet état, le voici : une dette flottante de près de 3 milliards ; un budget ordinaire de plus de 3 milliards; une charge totale d’impôts, en y comprenant les taxes départementales et communales, de 4 milliards environ; une activité des administrations de l’état, des départemens et des communes, se manifestant par 5 milliards de dépenses annuelles à l’ordinaire et à l’extraordinaire ; tous ces chiffres vertigineux atteints quand le grand plan de travaux publics de M. de Freycinet n’est guère encore qu’ébauché et n’a reçu qu’un commencement d’exécution. Si l’on ne fait pas un examen de conscience et un retour sur soi-même, si l’on ne prend pas des résolutions viriles, où aboutira-t-on? Déjà, depuis deux ans, on a dû suspendre les dégrèvemens; le budget de 1881, déduction faite des 80 millions de ressources qu’on lui a attribuées et qui ne lui appartiennent pas en propre, se solde par un déficit provisoire de 12 millions ; un emprunt public, qui n’a été libéré qu’en janvier 1882, et qui était destiné à solder des

  1. Voir le Bulletin de statistique au ministère des finances, livraison de février 1882, p. 156.