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même, l’abaissement du taux de l’escompte par les deux banques n’a pas paru produire le moindre effet, tant qu’a duré l’incertitude sur les choix que ferait la chambre des députés réunie dans ses bureaux pour la formation de la commission du budget. La commission a été composée en grande majorité de membres favorables aux combinaisons prudentes à l’aide desquelles le ministre des finances a élaboré son projet de budget pour 1883. Nous avons eu l’occasion de dire que ces combinaisons avaient pour objet d’éviter tout emprunt jusqu’en 1885, d’assurer dans l’intervalle l’exécution financière du programme des grands travaux publics de M. de Freycinet, enfin d’arrêter la chambre 4es députés sur la pente fatale de l’ouverture illimitée des crédits supplémentaires.

Primitivement le budget avait encore en vue un autre objet : l’ajournement pour une période de quinze années de toute opération se rapportant au rachat des chemins de fer. Sur ce point, les susceptibilités d’une grande partie de la chambre des députés ont été si vives que le gouvernement s’est vu contraint de sacrifier le secondaire au principal et de disjoindre la question du rachat de celle de l’équilibre budgétaire. Deux compagnies, le Lyon et l’Orléans, se sont déclarées prêtes à entrer en négociation pour le remboursement anticipé des sommes qu’elles doivent à l’état sans qu’il y eût connexité entre ces négociations et celles qui pourraient s’engager au sujet de la réduction des tarifs et de l’ajournement du rachat.

On peut donc considérer comme établie l’entente entre le cabinet et la majorité parlementaire sur la question budgétaire. Ce dernier souci enlevé, la spéculation n’avait plus aucune raison de retarder sa rentrée en scène, et naturellement, dans les circonstances actuelles, c’est sur les rentes que devait se porter son principal effort. Le 3 pour 100, l’amortissable, le 5 pour 100 ont monté de concert. Sur ce dernier fonds, le cours de 117 francs a été très allègrement franchi.

La diminution du taux de l’escompte et la réduction du portefeuille ont eu pour résultat de faire baisser l’action de la Banque de France. Le cours de 5,000 francs a été perdu, puis regagné un instant; il ne pourra vraisemblablement pas être maintenu. Les bénéfices s’élèvent, il est vrai, à plus de 20 millions de francs pour la période écoulée depuis le 1er janvier. Mais ce sont là des bénéfices de crise. En temps normal, la Banque de France gagne beaucoup moins, et déjà cette semaine le produit des escomptes n’a pas dépassé 670,000 francs.

Les valeurs industrielles ont été très favorisées. Le Suez, soutenu par ses recettes, dont le chiffre atteint une moyenne quotidienne de 200,000 francs, s’est tout à coup élevé aux environs de 2,600 francs, et la Part civile, qui équivaut à une action de jouissance, dépasse 1,900 francs. Le Gaz se tient à 1,670 francs; l’assemblée générale, réunie le 24 courant, a fixé le dividende à 78 fr. 50, dont 12 fr. 50