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assez perméable pour permettre l’écoulement inférieur de l’excédent d’eau pluviale. Au point de vue chimique, elle doit fournir directement les substances minérales qui entrent dans la constitution des tissus végétaux.

Les plantes puisent, dans le sol par leurs racines, dans l’atmosphère par leurs feuilles, les principes ou engrais nécessaires à leur développement.

Ces principes volatils ou minéraux sont nombreux et complexes: mais le plus grand nombre constituent une sorte de fonds de réserve, se maintenant indéfiniment sans perte sensible, soit dans les dépouilles végétales qui pourrissent sur place après l’enlèvement des récoltes, soit dans les fumiers résultant des déjections animales et des déchets végétaux, soigneusement recueillis et utilisés dans une bonne exploitation agricole. Dans le cas particulier où l’on n’exporte comme produit que de la viande et des céréales, on n’a, en réalité, à tenir compte que des deux élémens ou engrais essentiels qui doivent être remplacés au fur et à mesure de l’exportation : le principe de la chair musculaire, ou protéine azotée, qui est originairement fourni par l’atmosphère, et le principe osseux ou phosphaté, qui vient nécessairement du sol.

Cette dernière substance ne pouvant se reproduire à l’état naturel que par la lente décomposition des phosphates minéraux contenus dans le sol, les terres végétales qui n’en sont pas suffisamment pourvues, peuvent s’épuiser à la longue, après avoir porté un plus ou moins grand nombre de récoltes de plantes alimentaires, et cet épuisement, lorsqu’il vient à se produire, ne comporte d’autre remède que l’importation artificielle de nouveaux engrais phosphatés.

Il en est autrement du principe azoté ou protéine. L’atmosphère le fournit indéfiniment, mais en quantités très petites et variables suivant la nature du végétal et plus encore suivant la durée de la végétation. Autant que j’ai pu m’en rendre compte, en contrôlant par mes observations personnelles les rares données de la science agronomique à cet égard, on peut admettre que cette quantité de protéine fournie par l’atmosphère, que j’appellerai l’engrais normal, s’élève à peine à 100 kilogrammes par hectare cultivé en céréales, atteint 200 kilogrammes pour les prairies permanentes ordinaires et dépasse même ce chiffre pour certaines productions fourragères telles que la luzerne.

Une bonne récolte de blé en bon sol, à raison de 25 hectolitres à l’hectare, représentant 300 kilogrammes de protéine dont 100 seulement sont fournis par l’atmosphère, doit nécessairement emprunter l’excédent à la réserve d’engrais contenu dans le sol. Les récoltes