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d’hiver et où l’été la chaleur torride est si intense que les hommes y sont frappés d’insolation dans les rues. Dans ces conditions de climat généralement favorables sur tout notre littoral océanique, la région des Landes se distingue encore par des caractères plus particulièrement satisfaisans. C’est la région où la température, moyennement la plus élevée, est sujette aux moindres fluctuations : 14°, 5 pour la moyenne de l’année avec un maximum de 24°, 5 pour le mois le plus chaud, un minimum de 6 degrés pour le mois le plus froid. C’est également la contrée de France où les pluies sont les plus régulières, les plus abondantes, ainsi que le prouve la comparaison des chiffres d’observation qui accusent en toute saison une tranche d’eau pluviale près de deux fois plus forte à Morcenx, au centre des Landes, qu’à Gournay, en Normandie.

Quant à la question non moins importante de la valeur agronomique du sol, je ne me dissimule pas que je ne puis opposer que l’induction théorique à l’évidence du fait ; mais sans vouloir multiplier ici les preuves que j’ai pu accumuler ailleurs pour établir la véritable théorie du sol végétal, quel est l’homme un peu versé dans les questions d’agronomie pratique qui de prime abord puisse mettre en doute que par le mélange d’un sable inerte avec une marne spéciale, chimiquement dosée en quelque sorte, prise non au hasard, mais choisie dans le périmètre d’un immense rayon d’approvisionnement, à plus de 200 kilomètres du lieu d’emploi, on ne doive confectionner une terre végétale égale, sinon supérieure à celles qui sont réputées à bon droit comme les meilleures ?

À ce dernier point de vue enfin, les futures terres végétales des Landes auront des avantages trop manifestes pour qu’on puisse les contester ; ce sera de n’être exposées à aucune de ces causes d’inondation ou de ravinement qui partout ailleurs menacent les alluvions similaires de nos valles, et de présenter, en outre, les conditions les plus idéales que l’on puisse rêver pour un sol de culture, comme uniformité de relief, facilités d’écoulement des eaux surabondantes et assainissement régulier de la surface arable par le drainage naturel des sables qui continueront à constituer le sous-sol.

Le but que nous avons à poursuivre est donc parfaitement défini. Il sera atteint et ne pourra l’être que lorsque nous aurons transformé le sol des Landes en terre végétale de première classe. Exclusivement formé de sables quartzeux, il constitue un immense désert réfractaire à toute culture, que l’on ne pourra fertiliser qu’à la condition de lui fournir une quantité d’argile et de calcaire marneux suffisante, non-seulement pour lui apporter les amendemens minéraux propres au développement de la végétation, mais pour modifier complètement sa constitution physique.

Les élémens respectifs de ce limon fertilisant devront être empruntés