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Les travaux de premier établissement du canal et de tous ses accessoires, y compris l’agrandissement de la dérivation de la Neste, coûteront de 20 à 25 millions au plus. Les frais d’exploitation de toute nature ne dépasseront pas 800,000 francs, soit, intérêts du capital compris, une charge annuelle de 2 millions à peine.

La vérification des débits de la Neste permet d’affirmer que, sans porter atteinte à aucun des droits ou usages existans, on pourra, pendant une moyenne de cinq mois par an, affecter au service du limonage des Landes un volume d’eaux surabondantes de 12 mètres à la seconde, représentant en chiffres ronds un cube journalier d’un million de mètres suffisant à l’entraînement et au répandage de 100,000 mètres de limon. Le campagne annuelle fournira donc en moyenne 15 millions de mètres cubes d’alluvion pouvant, à raison d’une couche uniforme de 0m, 10 répandue à la surface du sable, fertiliser une étendue de 15,000 hectares de landes, qui, du jour au lendemain, de leur état actuel de sol aride ne valant pas 100 francs l’hectare, passeront à l’état de terres arables de premier ordre, aptes à toutes les cultures, identiques en valeur réelle à celles qui, partout ailleurs, se vendent de 5 à 8,000 francs l’hectare.

Je n’insisterai pas non plus sur les conditions financières dans lesquelles on pourra passer à l’exécution du projet, sur les rôles respectifs que le crédit de l’état ou les capitaux privés pourront jouer dans l’entreprise. Je passerai également sur les procédés culturaux qui devront être appliqués de préférence à la mise en valeur des terrains rendus productifs. Mais je crois indispensable de m’arrêter un peu plus longtemps sur les conséquences naturelles du nouveau procédé d’abatage des terrains meubles, que j’ai seulement indiqué comme devant être substitué à la méthode des jets d’eau américains, qui non-seulement aura l’avantage de donner des facilités nouvelles, inespérées, pour la fabrication des alluvions artificielles, mais qui se trouve en fait résoudre les difficultés les plus délicates du grand problème de l’aménagement des eaux. Présentée sous ce titre général, la question figure au programme officiel des améliorations cherchées. Comme le Transsaharien, comme le phylloxéra, l’aménagement des eaux a eu sa commission supérieure, assemblée d’hommes éminens qui a produit de gros volumes de délibérations, élaboré quelques projets de loi, mais n’a su, que je sache, dégager aucune idée d’application bien pratique de ses conclusions.

La question n’a peut-être pas été très bien posée, et dans cet engoûment général des esprits pour les améliorations agricoles, on s’est un peu trop préoccupé de l’usage exclusif des eaux d’irrigation sans s’inquiéter assez des services qu’elles pourraient rendre comme force motrice. La machine à vapeur est sans doute une des