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POESIES

LA FILLE DU CYGNE.


Lorsqu’Hélène, maudite, errait par les dédales
D’Ilion, où pleuraient la veuve et l’orphelin,
Les vieux chefs, dans leur cœur aux colères enclin,
Sentaient couler l’oubli des deuils et des scandales.

Lorsque par les chemins pavés de larges dalles
Elle menait son pas ondulant et félin,
Sur ses beaux talons nus aux muettes sandales
Laissant battre les plis de sa robe de lin,

Ils se levaient tous : — Lente, en inclinant la tête,
La fille de Léda sous les regards en fête
Passait dans un rayon du printemps éternel :

Et quand ils la voyaient, s’éloignant toute blanche,
Porter son col charmant comme une fleur qui penche,
Les grands vieillards songeaient au cygne paternel.