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publique peut corriger les abus, ne sont pas de même nature que ceux adressés aux tarifs généraux, que l’on demande unanimement de diminuer.

Sur le prix des transports, en France, et sur la fixation des tarifs généraux par nos compagnies, M. Krantz jette les plus vives lumières. Le prix de revient du transport se décompose en deux élémens ; le premier comprend les débours réels faits par la compagnie, personnel, matières, entretien de la voie, etc. En 1878, la dernière année dont les résultats aient été publiés, ces dépenses étaient évaluées, pour chaque tonne transportée à 1 kilomètre sur les grands réseaux, à 2 cent. 99, soit 3 centimes. Le taux des salaires, le coût des matières, tendent-ils à décroître ? peut-on espérer une réduction à 2 centimes au lieu de 3 ? À cette dépense il faut ajouter, comme second élément de frais d’exploitation, la rémunération des capitaux engagés, dont le chiffre moyen pour chaque tonne s’est élevé en 1878 à 2 cent. 97 ; de ce chef, aucune atténuation n’est possible. Pour la petite vitesse, le prix de la tonne kilométrique est donc de 5 cent. 96 ; pour la grande vitesse, c’est-à-dire pour le transport des voyageurs et des messageries, le prix moyen kilométrique a été de 5 cent. 17 en 1878. Le réseau des compagnies comprenait 20,554 kilomètres ; il a donné lieu à un transport kilométrique de 5,711,599,879 voyageurs et de 8,356,221,821 tonnes de marchandises ; d’importans services accessoires ont été en outre effectués. Les recettes totales de l’exploitation se sont élevées (impôt déduit) à 924,384,908 fr. et les dépenses (impôts déduits) à 468,440,760 francs, d’où ressort un produit net de 455,944,147 fr. Le rapport de la dépense à la recette est d’un peu plus de moitié. Le produit net mis en regard du capital fourni par les compagnies représente donc 6 pour 100.

Il paraît utile, malgré leur aridité, de présenter ces chiffres, qui font bien comprendre avec quelle prudence on doit toucher aux tarifs généraux établis, d’autant plus qu’ils paraissent modérés par comparaison à ceux des autres pays en général, excepté toutefois la Belgique, où la configuration du pays, plat et sans accidens de terrains, promet des transports peu chers et plus faciles. Un abaissement d’un cinquième seulement dans les produits rendrait la situation des compagnies très précaire et imposerait par contre à l’état de bien grands sacrifices. On doit distinguer toutefois entre le transport des voyageurs et celui des marchandises. Si ce dernier peut surtout donner lieu à des simplifications de classement, à des diminutions de frais de manutention, magasinage, camionnage, etc., à une surveillance plus rigoureuse du gouvernement dans l’établissement des tarifs spéciaux, à l’application stricte du droit commun pour toutes les lignes, sans compter encore de nouveaux abaissemens à accorder