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et de la moralité parfaite, nous n’aurions plus rien à désirer ni à vouloir ; or, en fait, nous désirons et voulons ; nous avons donc seulement conscience d’un bien fini, dont nous concevons l’accroissement par une induction toute mathématique, dont nous désirons l’accroissement par une réaction toute mécanique contre nos limites extérieures. Si le flot qui vient échouer au rivage pouvait penser, il envahirait en idée la terre qu’il ne peut conquérir en réalité, sans qu’il fût besoin pour cela d’admettre l’existence actuelle d’un océan infini et d’en prêter la conscience à chaque flot qui, pour un instant, se soulève à la surface. De plus, la conscience de la perfection absolue chez un être relatif et imparfait est contradictoire. La seule représentation possible d’une telle conscience consisterait à admettre, avec Platon, que la conscience d’un bien imparfait est la conscience d’une partie du bien parfait, conséquemment la conscience partielle du bien parfait. Et c’est en effet cette théorie platonicienne de la « participation » que M. Ravaisson semble reproduire après l’avoir lui-même réfutée à la suite d’Aristote. « L’opération simple et indivisible de la haute philosophie, nous dit M. Ravaisson, c’est la