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REVUE DRAMATIQUE

Comédie-Française : Mithridate

La Comédie-Française a repris Mithridate, à l’usage de MM. les membres de la commission du budget. En effet, chaque année, en cette saison d’été, M. l’administrateur-général est sujet à un retour de déférence envers cette assemblée d’où dépendent les subventions. L’accès, d’ailleurs, est bénin et de courte durée. On a reproché durement à M. l’administrateur-général de n’avoir enfanté d’un regard, pendant l’exercice précédent, ni Talmas, ni Rachels, mais d’avoir quitté le répertoire pour des nouveautés de meilleur rapport : il a répondu bravement que son système était le bon, ou que du moins il était le sien ; il a offert sa démission, sans trouver son 24 mai. L’orage une fois passé, M. l’administrateur-général est bon prince : raffermi dans sa place par l’assaut qu’il a soutenu, et sauvé du soupçon de céder à la force, il convoque ses recrues et remonte une tragédie : même il advient que, par malice, il fasse magnifiquement les choses. Ah ! les critiques l’accusent de négliger les pensionnaires au profit des sociétaires ! C’est bien ! Dans une seule soirée, il produit douze pensionnaires : il leur adjoint une sociétaire, apparemment pour qu’on soit treize, et marche la jeune troupe ! Si d’aventure ces conscrits, quoique nullement soutenus ni encadrés de vétérans, rapportent une victoire, cette victoire sera la bien reçue ; mais si le public, comme c’est possible, renvoie les pensionnaires à la pension ou ailleurs, ne craignez pas au moins que M. Perrin soit inconsolable : au contraire, m’est avis qu’il sourira politiquement. L’épreuve est faite, qu’on l’avait sommé de faire ; on l’avait tant pressé de montrer de jeunes acteurs ! Il a montré ceux qu’il a ; on le prie de les cacher : le voilà tranquille encore pour vingt