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gouvernement les ait peu encouragées ; on a découvert des tombes nouvelles, remis au jour les anciennes et fondé un musée qui deviendra bientôt l’un des plus riches de l’Italie. Ce musée, ces tombes, sont précisément ce qui attire l’étranger à Corneto.

Pour voir les tombes, il n’a pas à aller loin. La colline même sur laquelle s’élève Corneto était la nécropole de Tarquinies. Les habitans de la grande ville pouvaient voir de leurs fenêtres s’étager en face d’eux les sépultures de leur famille. Le spectacle de la mort ne leur paraissait donc pas fâcheux ; ce qui prouve qu’ils ne ressemblaient pas à leurs descendans, les Toscans d’aujourd’hui, qui cachent avec tant de soin les funérailles, qui les célèbrent de nuit et emmènent les morts au pas de course comme pour s’en débarrasser plus vite. Tarquinies ayant existé pendant plus de dix siècles, la colline qui lui servait de cimetière se trouve toute percée de tombes. On en a découvert des milliers, et il est probable qu’il en reste beaucoup plus qu’on n’en a trouvé. Comme il est naturel, les sépultures modestes dominent, mais dans le nombre il y en a de belles, et qui ont appartenu à de grandes familles. On en connaît aujourd’hui vingt-huit qui sont ornées de peintures murales. Ce sont elles qui vont surtout nous occuper.

Toutes sont taillées dans le roc à des profondeurs qui varient de 2 à 12 mètres. Il devait y avoir autrefois au-dessus du, sol quelque : signe qui indiquait l’existence de la tombe intérieure. C’était sans doute un tertre de gazon plus ou moins étendu, sur les bords duquel se détachait la porte qui donnait accès au caveau. Au milieu de la plaine désolée de Vulci, dans le désert empesté qui a remplacé la grande ville, se dresse un tumulus de 15 mètres de haut et de 200 mètres de circonférence. On l’appelle dans le pays la Cucumella. C’est un amas de terres rapportées qui recouvre une voûte épaisse de maçonnerie. Des tours rondes, dont on voit encore la trace, s’élevaient au-dessus du monument ; elles étaient surmontées d’animaux symboliques, de sphinx ailés, de lions accroupis ou debout destinés à effrayer les mauvais esprits. Quoi qu’on n’ait pas pu percer encore la voûte de pierres et que la Cucumella garde obstinément son secret, on peut affirmer que c’était le dessus d’une tombe. Il n’y a plus rien de semblable à Corneto. Tous les tumulus ont disparu et la partie seule des sépultures qui était située sous la terre a été conservée. Ces tombes souterraines sont de grandeur fort inégale. Le plus grand nombre consiste en une chambre carrée de 3 ou 4 mètres de long. Mais il y en a qui contiennent plusieurs pièces, d’autres qui sont si vastes qu’on a été obligé d’y ménager des piliers pour soutenir la voûte. Les morts y reposent dans de grands sarcophages de pierre ou de terre cuite. Quand ils ont été