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d’une tradition directe et ininterrompue, par laquelle l’art assyrien du VIIe siècle se rattache à cet art chaldéen que nous représentent aujourd’hui des monumens dont les plus anciens remontent peut-être à vingt siècles avant notre ère.

Lorsqu’enfin on possédera le plan des ruines de Tello, que M. de Sarzec a relevé, on arrivera, pour ce qui est de l’architecture, à des conclusions toutes pareilles. Le principal édifice de Sirtella rappelle de la manière la plus frappante les grands palais assyriens de la vallée du Tigre ; seulement, à Sirtella, l’échelle est beaucoup moindre. À une époque reculée, les petits princes d’une ville chaldéenne de second ou de troisième ordre ne disposaient pas des mêmes ressources que les puissans maîtres de Calach et de Ninive ; ils ne pouvaient, comme le feront ceux-ci, pousser sur leurs chantiers, pour gâcher la terre et mouler la brique, des troupeaux de captifs courbés sous le fouet des surveillans, deux ou trois nations faites prisonnières dans une même campagne. Rien donc ici de comparable à ce palais de Sargon, qui, avec ses dépendances, ses cours et ses esplanades, occupe une superficie de plus de 10 hectares ; mais, aux dimensions près, le principe de la construction et celui de la distribution sont bien les mêmes qu’à Khorsabad. À Tello, comme partout en Assyrie, l’édifice est bâti sur un massif en briques crues ; celui-ci domine encore d’une hauteur de 15 mètres le désert environnant. Les murs des appartemens, ici, sont faits tout entiers de briques cuites ; en Assyrie, c’est la brique crue qui est communément employée à ce même usage, mais ce n’en est pas moins un des caractères les plus constans de toute l’architecture mésopotamienne que ce mélange et cette alternance de la brique crue et de la brique cuite. L’édifice semble bien avoir été un palais ; il présente extérieurement la forme d’un parallélogramme allongé, de 53 mètres sur 31, dont les angles, comme ceux de la plupart des bâtimens de la Chaldée et de l’Assyrie, sont tournés vers les quatre points cardinaux. Le plan est des plus simples. Des pièces, toutes rectangulaires et quelques-unes carrées, sont disposées autour d’une grande cour centrale, où ont été retrouvées les statues de Goudéa, décapitées et renversées sur le sol. Ici, pas plus que dans aucune autre des ruines de Mésopotamie, point de salles rondes ou elliptiques ; tous les murs, gros murs ou murs de refend, se coupent à angle droit. Point d’autres motifs de décoration que ces demi-colonnes et ces rudentures qui se sont également rencontrées, soit en Chaldée, dans le voisinage même de Tello, à Mougheïr et à Warka, soit à Khorsabad et dans d’autres constructions assyriennes.

Dans l’ensemble dont nous devons la révélation aux fouilles de M. de Sarzec, que l’on étudie la statuaire ou l’architecture, on aboutit toujours au même résultat : ces monumens, quelle qu’en soit la