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relations avec l’Europe ne sont ni assez régulières ni assez fréquentes. On ne reçoit pas en Algérie chaque jour un courrier européen on conçoit quelle gêne, quelle privation même en éprouvent ceux qui sont habitués à la fréquence des distributions de lettres. Depuis trois ou quatre ans, les nouveaux traités avec la Compagnie transatlantique ont rendu moins rares les départs de bateaux de France pour l’Algérie, sans cependant assurer un courrier quotidien. Il importe que, sans plus tarder, on prenne des mesures pour que les lettres d’Europe arrivent chaque jour en Algérie. C’est chose facile ; il s’agit d’amener une entente entre les diverses compagnies de paquebots. Le mouvement des passagers ayant atteint en 1879 le nombre considérable de 222,000, soit environ 600 par jour, un paquebot pourrait régulièrement aborder chaque matin dans notre colonie. Bientôt même, au lieu d’un courrier quotidien, il en faudra deux; le nombre des étrangers qui viennent passer l’hiver dans notre colonie ou s’y fixer ne pourra que s’en accroître.

Be tous les services, l’un des mieux dotés et des plus complètement organisés, en ce qui concerne les colons, c’est celui de l’instruction. La France en est fière et a raison de l’être. Les Européens d’Algérie sont parmi les groupes de population du monde qui offrent le moins d’illettrés. L’enseignement primaire, comme cela doit être dans une colonie, est surtout abondamment répandu. Il s’y trouve 710 écoles, en dehors des institutions spécialement destinées aux musulmans. Le nombre des maîtres et des maîtresses est de 1,396 et celui des élèves dépasse 49,000. En outre, 179 salles d’asile reçoivent 20,252 enfans. On ne saurait guère demander mieux : ni le Canada ni l’Australie m’offrent un plus brillant tableau. Ce sont les moyens d’instruction pour les indigènes qui sont insuffisans et défectueux, comme on le verra tout à l’heure. L’enseignement secondaire est plus rudimentaire, trop même, quoique nous ne soyons guère partisan de trop répandre les études classiques dans un pays neuf. Un lycée, dix collèges communaux, un établissement libre, voilà tout ce qu’on rencontre de ce genre en Algérie. Avec trois lycées et une vingtaine de collèges communaux, on ne tomberait pas dans l’excès, et l’on aurait des sujets en assez grand nombre puisque le lycée d’Alger compte 1,048 élèves, le collège de Constantine 433, celui de Mostaganem 313, et les douze établissemens ensemble 3,404, ce qui fait presque la très belle moyenne de 300. L’enseignement supérieur est relativement mieux organisé que l’enseignement secondaire : une école de médecine et de pharmacie qui est jusqu’ici peu fréquentée, une école de droit qui l’est bien davantage, une école des lettres qui l’est beaucoup fit une école de sciences qui l’est moins forment à peu près une université complète. Qui se serait imaginé, quand le XIXe siècle s’est