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250,000 hectolitres. La production de la bière varie d’ailleurs en raison inverse de la récolte du vin. Elle diminue quand cette dernière est abondante et réciproquement.

L’Alsace compte 2,661 moteurs à vapeur d’une force nominale de 26,930 chevaux et brûlant, non compris la consommation des chemins de fer, 400,000 tonnes de houille. Il faut y ajouter les moteurs hydrauliques, qui représentent une force de 22,340 chevaux. À ce propos, il convient de mentionner les travaux, dont nous avons déjà dit un mot, que M. A. Herzog, l’un des industriels les plus entreprenans de l’Alsace, a fait exécuter pour l’emmagasinement, au moyen de barrages, des eaux dans le lac Blanc et le lac Noir, au haut de la vallée d’Orbey. Ces lacs peuvent ainsi fournir une réserve, en sus de leur volume normal, de 3,000,000 mètres cubes d’eau susceptibles d’être utilisés à irriguer les prairies de la vallée et de produire une force motrice permanente de 8,000 chevaux. M. Herzog a demandé à M. Grad lui-même d’étudier un système complet de retenues d’eau dans les diverses vallées des Vosges, afin de tirer parti de la force aujourd’hui perdue des torrens qui s’écoulent des montagnes[1].

Tel est, esquissé à grands traits, le tableau des industries de l’Alsace. Il n’est pas de contrée qui, sur un territoire aussi restreint, en renferme d’aussi variées et présentant à toutes les activités plus de moyens de se développer. Il n’en est pas surtout où l’initiative des individus ait montré plus de puissance, où patrons et ouvriers aient vécu côte à côte dans de meilleurs termes, collaborant les uns et les autres à la même œuvre, celle de l’accroissement de la richesse publique et du bien-être de tous. C’est ce qui va ressortir avec plus d’évidence encore des pages suivantes.


III

Parmi les diverses causes qui ont contribué à la prospérité de l’industrie alsacienne, il en est une qui prime toutes les autres, c’est celle de l’institution de la Société industrielle de Mulhouse. Cette société, comme nous l’apprend M. Grad, fut fondée en 1825 par les fabricans de cette ville, qui sentirent de bonne heure l’utilité de la science pour faire progresser l’industrie et qui comprirent la nécessité de se grouper pour discuter en commun les moyens de

  1. La partie de la Lorraine qui a subi le même sort que l’Alsace est, au point de vue industriel, à peu près dans la même situation que celle-ci. Elle renferme d’importans établissemens métallurgiques, des fabriques de faïences, des salines, etc. Nous n’en parlons pas, pour ne pas sortir du cadre que nous nous sommes tracé.