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LA
COMPAGNIE DU GAZ
ET LA
VILLE DE PARIS

Les Parisiens paient le gaz trop cher ; ils se sont aperçus depuis quelques années de ce désagrément et commencent à s’en fâcher. À Paris, le mètre cube de gaz coûte 30 centimes ; à Vienne, à Bruxelles, à Amsterdam, à Londres, à Berlin, la même quantité est payée de 14 à 25 centimes. Dans toutes les grandes villes d’Europe, sauf Paris, le prix du gaz a baissé depuis vingt ans.

La remarque n’est pas flatteuse et la dépense est lourde, car le gaz figure aujourd’hui parmi les produits industriels de première nécessité. Il n’est plus de rue qui ne soit reliée par des conduites souterraines aux usines de la compagnie-parisienne, et presque toutes les maisons possèdent leur branchement et leur compteur. Toute industrie pare à la compagnie sa redevance : c’est un abonnement qui compte parmi les frais généraux. Dans nos maisons, le gaz éclaire les cours, les escaliers, les antichambres et malheureusement quelques salons. S’il était moins coûteux, il remplacerait le bois de chauffage ; on allumé et on éteint un poêle à gaz en tournant un robinet, et le combustible n’est ni lourd ni encombrant. Enfin le gaz fournirait partout la force motrice ; les menuisiers, les tailleurs, les ciseleurs, auraient chez eux la machine Otto ou la machine Lenoir, qui tiennent peu de place et sont faciles à diriger ; le travail en chambre, si favorable aux intérêts des familles ouvrières, se