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leurs dépouilles ont fourni la matière des lits de charbon, c’est par suite de quelque phénomène localisé, peut-être fort simple ou du moins fort naturel et résultant des conditions physiques du sol de cette époque, difficile pourtant à définir à une pareille distance des événemens. D’une façon générale, la raison d’être du phénomène résulte, il est vrai, de l’ensemble combiné de toutes les circonstances extérieures, mais c’est plus particulièrement à la configuration de certaines localités et à la fréquence de ces localités exclusivement favorables qu’il est rationnel d’attribuer la production des lits de combustible, aussi bien que l’étendue limitée du périmètre occupé par eux. Les plantes houillères couvraient alors toute la terre, mais elles n’ont donné naissance au charbon que sur des points déterminés de la surface terrestre. En résumé, le charbon a dû être engendré toutes les fois que la disposition physique des lieux est venue s’y prêter.

L’impossibilité d’admettre le transport à distance des plantes carbonifères avait suggéré un autre système qui dépassait le but, comme nous le verrons, en faisant naître le charbon des seuls débris tombés des arbres de l’époque et des végétaux vivant à leur pied, graduellement décomposés. Ce système, loin de recourir aux transports, les supprimait totalement et donnait lieu par cette suppression à de nouvelles difficultés. Il avait surtout l’inconvénient d’être extrême, de ne pas tenir compte de toutes les circonstances qui ont accompagné le dépôt de la houille et qui expliquent finalement sa vraie formation. M. Grand’Eury, qui est revenu par un détour, et en lui étant sa première signification, à l’idée de transport, combat avec raison le système de formation sur place qui a longtemps prévalu comme le plus logique et le plus naturel. Il l’était en effet si l’on fait abstraction des études minutieuses du savant de Saint-Étienne ; elles lui ont permis, non-seulement de concevoir ce qu’est la houille et les procédés auxquels nous la devons, mais d’entrer dans les détails de ces procédés, de remonter à leur véritable cause, et de décrire ce qui a dû se passer autrefois, avec autant de précision que s’il nous avait été donné d’y assister.

Adolphe Brongniart, en 1837, attribuait l’origine de la houille à des masses de végétaux accumulés, puis altérés et modifiés, « comme le seraient les couches de tourbe de nos marais, si elles étaient recouvertes et comprimées par des bancs de substances minérales<ref> Considérations sur la nature des végétaux qui ont couvert la surface de la terre aux diverses époques de sa formation, par M. A, Brongniart. (Académie des sciences, séance publique du lundi 11 septembre 1837)<ref>. » Dans un rapport sur le grand prix des sciences physiques pour l’année