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Ces eaux, de leur côté, devaient être intermittentes, afin de laisser aux tronçons de tige abattus, aux résidus et aux fragmens de toute sorte, qui jonchaient le sol forestier, le temps de subir les effets de décomposition organique et de désagrégation partielle des tissus, constatés, par M. Grand’Eury et qui ont forcément précédé le moment de l’immersion définitive.

Il est constant par cela même qu’il existait alors, sinon des saisons au sens propre du mot, du moins des intervalles de calme durant lesquels les parties des végétaux que la vie abandonnait, celles que leur poids entraînait, les organes naturellement caducs ou accidentellement détachés, enfin toutes les tiges tombées, de vétusté qui couraient le sol s’y désorganisaient peu à peu en attendant le moment où, par une réaction inévitable, le calme faisait place à des précipitations pluviaires d’une violence extrême et d’une durée proportionnée à celle de la période qui avait précédé.

Des deux points que M. Grand’Eury a, voulu établir, prenons d’abord le premier : — La structure stratifiée de la houille attestant le transport par les eaux et le dépôt, à la façon des divers ordres de sédimens, des particules organiques dont elle est formée. La démonstration en est facile. Dans les plaques schisto-charbonneuses, aussi bien que dans la houille même, tous les résidus, grands ou petits, les tiges comme les feuilles, les lambeaux d’écorce, les fragmens de bois comme les organes isolés les plus délicats, les frondes de fougères et les folioles détachées sont toujours étalés à plat, appliqués les uns sur les autres, se recouvrant à la façon des feuillets d’un livre. Cette disposition ne souffre qu’un très petit nombre d’exceptions qui ne servent qu’à confirmer la règle, lorsqu’il s’agit, par exemple, des stigmariées. dont les stolons circulent et se croisent dans certains lits de houille, comme s’ils avaient vécu sur place, dans des conditions de submersion toutes spéciales.

Si l’on examine la houille, sa texture, observée à la loupe et analysée au microscope, met en, évidence l’intervention de l’eau qui, seule, peut avoir pris tous ces débris de toute taille et de consistance si diverse pour les accumuler l’un sur l’autre, les coller et les appliquer, conformément à ce qui a lieu pour des végétaux qui, d’abord flottans, gagnent ensuite un à un le fond de l’eau, à mesure que l’imbibition augmente leur poids spécifique ; ils vont alors constituer un lit stratifié qui s’accroît graduellement à l’aide d’apports successifs. Non-seulement les élémens de la houille sont demeurés visibles, non-seulement leur ordonnance en feuillets superposés est sensible et les moindres particules ont dû combler les interstices des plans de jonction de l’assise en voie de formation,