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LE
BASSIN DE LA MÉDITERRANÉE

LIMITES ET CLIMAT.


Les études géographiques ont acquis de nos jours une grande popularité. La vapeur et l’électricité supprimant le temps et l’espace, rapprochant les hommes et les choses, on conçoit notre désir de mieux connaître et apprécier tant de lieux et de peuples, avec lesquels nous nous trouvons brusquement en rapports réguliers, qui, naguère encore, nous étaient à peine connus de noms, perdus dans le vague brouillard d’un lointain inaccessible. Le perfectionnement récent des voies de communication me paraîtrait une cause suffisante pour expliquer ce goût qui s’est si généralement répandu chez nous des connaissances géographiques, sans qu’il fût bien nécessaire de l’attribuer à un sentiment de patriotisme national que je respecte sans trop le comprendre. Cherchant à nos derniers revers militaires une explication qui n’eût rien de blessant pour notre amour-propre, on s’est plu à la trouver dans notre ignorance des langues étrangères et de la géographie. Le fait est passé à l’état de légende indiscutable. J’ai pourtant peine à concevoir en quoi la supériorité vraie ou prétendue de nos rivaux dans une telle spécialité de connaissances aurait pu assurer le succès de leurs armes, et je plaindrais fort la génération prochaine si, pour se défendre contre l’agression de ses voisins, elle n’avait à leur opposer que des diplômes de bachelier ès-sciences géographiques ou langue allemande.