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telle serait donc la loi générale de l’état hygrométrique dans les conditions normales de l’existence du grand courant alizéen. À mi-distance, entre les deux colonnes verticales, soit vers le 33e parallèle, il devrait exister une zone plus particulièrement remarquable pour ce double phénomène d’évaporation dans les couches inférieures, de précipitation de pluie dans les couches, supérieures de l’atmosphère.

En fait, ces deux effets contraires se compenseraient probablement, si les choses se trouvaient dans les conditions impliquées par l’hypothèse où nous nous sommes placés. Cette compensation paraît même se produire sous les méridiens du Pacifique, qui, d’un pôle à l’autre, sont occupés par l’Océan. Les vents alizés y sont peu caractérisés et je n’ai pas ouï dire que sur les petites îles qui en jalonnent la surface, on ait signalé des cas particuliers de grandes pluies ou de longues sécheresses.

Le principe de la circulation atmosphérique n’en subsiste pas moins en tous lieux, et il est aisé de voir que la présence de surfaces terrestres sur le parcours du courant polaire doit en exagérer les effets. Dès qu’il cesse de se trouver en contact avec une nappe liquide apte à lui fournir incessamment le surcroît de vapeur d’eau que réclame le réchauffement graduel, résultant de sa marche vers l’équateur, ce courant inférieur ne peut se maintenir en état de saturation. Sa température s’élève en même temps que sa siccité s’accroît, ces deux effets ne cessant de réagir l’un sur l’autre à la traversée d’une étendue continentale. La radiation solaire qui, sur la mer, est en grande partie absorbée par l’eau, dont la température reste à peu près invariable, surchauffe au contraire la superficie du sol terrestre et, avec lui, l’air en contact, qui devient d’autant plus sec qu’il est plus chaud, d’autant plus chaud qu’il est plus sec.

Quand la surface terrestre, ainsi traversée par le courant polaire dans l’e sens du méridien, est assez vaste pour que des influences latérales ne puissent pas réagir, il peut en résulter, surtout au. voisinage de la zone tropicale, comme dans le Sahara, une sorte de foyer central de sol surchauffé, qui ne dessèche plus seulement le vent polaire dominant, mais les courans atmosphériques accidentels de toute direction. Cette zone de siccité relative qui, théoriquement, doit se superposer sur la zone tempérée des géographes, au voisinage du 33e parallèle, se retrouve à un état plus ou moins caractérisé sur tous nos continens, au centre sud de l’Afrique et de l’Amérique méridionale, aussi bien qu’au centre de l’Australie dans l’hémisphère austral. Elle reparaît dans l’hémisphère boréal, entre le Mexique et les États-Unis d’Amérique. Mais c’est surtout dans les terres massives de notre ancien continent qu’elle a pris son plus