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sur bois, — au bas d’un bon nombre desquelles nous avons retrouvé le nom de M. Poirson, que peut-être nos lecteurs se rappelleront-ils que nous leur avions l’an dernier signalé tout particulièrement, — ajoutent encore à l’intérêt du livre. Ce voyage, ou plutôt cette promenade en Hongrie, est assurément un des beaux et bons volumes d’étrennes de cette année. Nous en dirons presque autant du récit d’un autre voyageur, M. Paul du Chaillu : le Pays du soleil de minuit[1]. Le pays du soleil de minuit, c’est cette partie de la péninsule scandinave comprise en dedans du cercle arctique, et d’où l’observateur, projeté pour ainsi dire en dehors du globe, et littéralement n’y tenant plus que par les pieds, peut voir à certains jours de l’année le « crépuscule du matin et celui du soir se fondre l’un dans l’autre » et le lever du soleil, à quelques minutes d’intervalle, succédant à son coucher, ou réciproquement. Quant au livre lui-même, ce ne sont pas seulement des impressions de voyage notées au courant de la plume, c’est un livre composé, où les résultats scientifiques et les observations morales d’un séjour d’environ cinq années dans le pays, ont été rassemblés pour en former un tout. On y retrouvera la question des âges préhistoriques, et ceux que peut-être cette perspective ne suffirait pas à séduire, des descriptions et détails de mœurs abondans, curieux et nouveaux.

Je passerai plus rapidement sur le livre de M. Edmondo de Amicis : Constantinople[2], ayant eu prématurément l’occasion l’an dernier d’en dire quatre mots. La réputation de M. de Amicis n’est plus à faire parmi nous, et d’ailleurs ce n’est que l’illustration du livre qui nous est nouvelle. Je dois pourtant ajouter que je ne sais si de tous les récits de M. de Amicis que l’on a traduits en français, Constantinople ne serait pas celui qui par l’agrément de la narration, et peut-être aussi la singularité du fond, mérite la préférence. Pour M. Victor Fournel[3], dans ce journal de voyage, ou plus exactement d’un passage aux pays du soleil, — Espagne, Italie, et un petit coin d’Egypte, — c’est un tour de force que d’avoir réussi à se faire lire jusqu’au bout. Madrid, Séville et Grenade ; Venise, Rome et Naples ; Alexandrie même et le Caire, est-ce qu’on ne nous en a pas assez décrit le ciel, et les monumens, et les habitans ? Eh ! bien non, pas encore, et la preuve c’est que vous lirez le livre de M. Victor Fournel, et que vous y trouverez du plaisir, parce qu’il est écrit de bonne humeur d’abord ; — par un homme qui sait beaucoup, ensuite ; — et enfin, parce que les choses

  1. Le Pays du soleil de minuit. Voyages d’été en Suède, Norvège, Laponie et dans la Finlande septentrionale, par M. Paul du Chaillu, ouvrage illustré de nombreuses vignettes, 1 vol. in-8o ; Calmann Lévy.
  2. Constantinople, traduit par Mme Colomb, et illustré de 183 reproductions de dessins pris sur nature, par M. Biseo, 1 vol. in-8o ; Hachette.
  3. Voyage aux pays du soleil. Un été en Espagne. À travers l’Italie, Alexandrie et le Caire, par M. Victor Fournel, 1 vol. in-8o ; Alfred Mame.