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un choix de douze contes, depuis Charles Perrault, l’immortel conteur de Cendrillon et du Petit Poucet, jusqu’à Mme Leprince de Beaumont, l’auteur de la Belle et la Bête. En tête du recueil, M. de Lescure a mis un morceau considérable sur l’Histoire des fées et de la Littérature féerique en France. Et si peut-être encore on aimait mieux un conte écrit d’original, par un véritable écrivain, un conte d’une naïveté plus étudiée, mais plus gracieux aussi, plus délicat, plus poétique, et qui fût un charmant album en même temps qu’un joli récit, c’est à M. Anatole France qu’il faudrait le demander ; et lire Abeille[1].

Et les albums ? Il y en a tant cette année qu’on ne sait ni lesquels citer, ni lesquels omettre. Voici les Scènes humouristiques de M. Caldecott, genre anglais, et voilà la Diligence de Ploërmel[2], de MM. Quatrelles et Courboin. Je n’en aime guère les planches, et pour le texte, c’est l’erreur d’un homme d’esprit, mais l’erreur est complète. La bizarre invention et la froide plaisanterie ! Voici l’Affaire Arlequin, illustrée par M. Robert Tinant, et racontée par M. Léon Valade en petits triolets insignifians, et voilà Deux contre un, ou les Suites d’une consultation, du même dessinateur, avec un texte en vers, par M. Ernest d’Hervilly. Ni le dessinateur ni le poète ne manquent de verve [3]. Voici les Cinq Sous d’Isaac Laquedem[4], texte de M. Aimé Giron, et dessins de M. Henri Pille, et voilà les Vieux Proverbes sur de nouveaux airs, de Mme Eudoxie Dupuis, illustrés par Mme Lizzie Lawson, — un des plus jolis albums de cette année. Voici l’Alphabet musical de Mlle Lili, une invention épouvantablement compliquée, et voilà une Chasse extraordinaire[5]. Je voudrais bien savoir, en passant, pourquoi c’est dans les ateliers de Harlem ou d’Amsterdam que bon nombre de ces albums s’impriment…

Mais d’album en album l’énumération tourne au catalogue. Arrêtons-nous, il en est temps, et je m’en aperçois peut-être un peu tard. Le lecteur, que nous avons prévenu que les livres d’étrennes étaient peu nombreux cette année, doit en effet se demander ce que ce serait donc s’ils étaient plus nombreux. Il comprend sans doute aussi que nous ne le souhaitions pas et qu’au contraire nous prenions très aisément notre parti de voir un peu baisser de temps en temps la production du livre d’étrennes.


F. B.

  1. Abeille, conte, par M. Anatole France, 1 vol. in-4* ; Charavay frères.
  2. Chez Hachette.
  3. Chez Delagrave.
  4. Chez Didot.
  5. Chez Hetzel.